Plongée dans un sourire

Il paraît que l'Algérie vue d'en haut est un pays magnifique. Les gens de là-bas ont découvert que notre terre haute en couleur servait un relief si différent qu'il était impossible de qualifier le pays d'un seul trait. Mais plusieurs coups de crayon seraient nécessaires pour comprendre ce pays.Du nord au sud, de l'ouest à l'est, toutes les couleurs étaient distillées à travers notre beau pays. Les visages de ces paysages, les uns plus beaux que les autres. Plus hauts aussi pour certains. Enneigés. Comme un clin d'?il aux plaines qui souffrent de chaleur au même instant. Des plaines si longues qu'elles donnent l'impression d'aller jusqu'au bout du monde.Ce voyage à la rencontre des plus belles richesses de l'Algérie a permis de nourrir les concitoyens d'une fierté qu'ils avaient déjà en eux mais qui a pu s'exprimer à travers ce film réalisé par Yan Arthus Bertrand. La référence en matière de démonstrations des paysages à travers le monde. Ces gens du bled qui saluent le voyeur du haut avec de larges sourires paraissent être des géants qui pourraient attraper la caméra qui pointe vers eux. Grandis par un film rapproché, ils ont l'air de toiser le caméraman qui commente ce qui ne doit pas être. Un fossé s'est creusé depuis le début du film entre ce qui est montré et ce qui est dit. On a presque envie d'appeler au silence le commentateur.Cher Yan, tout ce que tu pourras exprimer verbalement ne vaudra jamais la vérité de ce pays. Elle est si profondément ancrée dans cette terre. Même si tu emportais avec toi un peu d'elle, il n'y aurait dans tes poches que de la poussière. Ta caméra, inquisitrice presque menaçante, au contact de tant de merveilles, s'incline. La caméra éblouit de trop de lumière et s'efface faisant de nous des oiseaux qui volent au-dessus de ces images. Comme quoi, notre pays n'est pas qu'une décennie noire.