Algérie

Paris-Alger, appel fraternel



Les relations algéro-françaises paraissent condamnées à naviguer entre un pragmatismed'affaires et la résurgence permanente des meurtrissures de l'histoire. Lasortie du ministre des Moudjahidine a eu l'effet inverse de ce qu'il souhaitait:les questions mémorielles vont sûrement être totalement évacuées lors de lavisite de Nicolas Sarkozy à Alger. On n'y parlera que de contrats et de grossous. On laissera « le temps faire » jusqu'à la prochaine résurgence d'unemanoeuvre révisionniste ou apologétique de l'ordre colonial, à la manière de laloi du 23 février ou au prochain écart de langage d'un responsable algérien.Le fond du pragmatisme est pourtant plein d'aigreurs et nepermet pas de construire réellement une relation saine et féconde. On peut, commevient de le faire le Président, rappeler que les affaires étrangères relèventdu domaine réservé et intimer l'ordre aux autres de se taire. Cela aura sansdoute de l'effet, pour un certain temps, mais n'expurge pas la question.S'il est évident que la relation avec la France relève du domaine del'Etat et de sa diplomatie, elle ne lui est pas réductible. Quand leresponsable de l'Organisation des moudjahidine évoque la présence du passé dansla relation avec la France,il n'est pas tout à fait loin de son rôle, sa vocation étant de veiller, entreautres, à la mémoire de ceux qui se sont battus et ont souffert. La vraiequestion n'est pas de l'occulter ce passé, en faisant semblant de croire que letemps fera son oeuvre...Ce passé a bien besoin d'être expurgé et soldé pour que lesrelations deviennent apaisées et soient à l'abri de la remontée des rancoeurs. Commentle solder ? Est-ce par une exigence de repentance - on ne sait qui a introduit cemot dans le lexique des relations algéro-françaises -à connotation religieuse qui n'a guère de sens ? Est-ce par la formule des «excuses officielles» ? Ces formulations paraissent ajouter à la confusion.C'est pour cela qu'il faut saluer la déclaration rédigéepar des historiens algériens et français, qui a déjà reçu la signaturede personnalités politiques et intellectuelles. Elle est pédagogique dans tousles sens du terme, elle appelle à éviter les écueils de la « repentance » etdes « excuses » mais elle refuse aussi de tomber dans le piège de l'occultation.Elle donne raison à la complexité de l'histoire, tout en refusant laconcurrence des victimes.Mais il y a eu colonisation qui a engendré des traumatismeset elle demande à l'Etat français, non de faire repentance ou de s'excuser, maisde reconnaître un fait d'histoire, à savoir « l'implication première etessentielle de la Francedans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie ». Voilà unappel franco-algérien que les « pragmatiques » gagneraient à lire attentivement:il est porteur d'une démarche qui ne peut qu'être féconde. Que l'Etat françaisadmette ce fait d'histoire n'a rien d'infamant. Ce serait, bien au contraire, êtreconforme à ces valeurs et principes de la Révolution française qui ont été bafoués dans lescolonies et singulièrement en Algérie.
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