Algérie

« Nous vivons une crise de talents »



« Nous vivons une crise de talents »
Faouzi Saïchi, acteur algérien, plein d'humour, et dont les succès cinématographiques sont innombrables évoque ses journées ramadhanesques en France ou en Algérie. Nostalgique de la période où il était un artiste à son apogée, il dresse un tableau noir de la situation actuelle du cinéma, marquée, selon lui, par un manque de talents. Saïchi insiste pour dire que le métier d'acteur implique rigueur et sérieux.Parlez-nous de vos journées ramadhanesques 'Habituellement, je passe la première quinzaine à Paris et la deuxième à Alger. A Paris, il ne fait pas trop chaud hormis que les journées sont longues. On rompt le jeûne à 22h. Je me promène à Barbès et je ne sens pas le temps passer. Durant le Ramadhan, on consomme 30 chorba et 30 tajine. Ici, les fruits de mer coûtent très cher. C'est pour vous dire que mon Ramadhan se passe simplement. Quand je m'adresse à mes concitoyens, je leur dis, surtout pas de bagarre et ne gaspillez pas le pain. En Algérie, la valeur réelle d'une baguette de pain est de 50 DA. Ici, à Paris, personne ne jette du pain, car les gens, surtout les smicards, connaissent sa valeur. Je me contente d'une hrira, d'une salade et parfois de grillades. Les sauces sont difficiles à digérer durant le Ramadhan.Les gens regrettent les anciens programmes animés par vous, entre autres acteurs de l'époque. Parlez-nous un peu de ces moments et que pensez-vous de la nouvelle vague d'acteurs 'Ce fut une belle époque caractérisée par la naïveté. Il y avait de bons scénarios. Actuellement, hélas, on constate un manque de talent. On est tout le temps en quête d'argent, et ce, au détriment des scénarios qui sont souvent médiocres et dénués d'imagination. On oublie qu'il s'agit d'un vrai métier. Le public n'est pas dupe en tout cas. Cela est dû au manque d'idées originales. A notre époque, malgré la censure, on trouvait toujours un moyen pour faire rire. En termes de réalisations, j'estime qu'il n'y a pas eu de relève. Il n'y aura jamais un autre Hadj Rahim. Quand je m'adresse à cette nouvelle génération, je leur dis qu'il faut adopter deux principes. La rigueur et le sérieux et surtout ne pas penser à l'argent en premier lieu. Cela vient par la suite. Je souhaite qu'on puisse aller vers plus de productions, car c'est de la quantité que jaillit la qualité.Est-ce que l'Etat a un rôle à jouer pour améliorer les choses dans ce sens 'L'Etat n'arrête pas de donner de l'argent à des producteurs incompétents. Une sitcom actuellement coûte très cher pour le résultat que l'on sait. C'est terrible. L'Etat n'a rien à voir dans cette situation. On vit une crise de talents et pas autre chose. Quand on veut noyer son chien on dit qu'il a la rage.Mais où sont passés Faouzi Saïchi et les autres 'Je pense que cette nouvelle génération a peur qu'on lui fasse de l'ombre. Hormis Djaâfar Gacem, qui est un excellent réalisateur, pour le reste, il n'y a pas grand-chose. Ils disent qu'on réclame beaucoup d'argent et que nous sommes des acteurs dépassés. Ils se trompent lourdement. Avec mes 40 ans d'expérience, c'est tout à fait normal que je demande à être considéré financièrement. Ici à Paris, des acteurs français de ma génération sont pleins aux as alors qu'ils n'ont même pas ma riche filmographique. Actuellement, je passe sur Canal Algérie dans le cadre de la sitcom « Kahouet ammi Moh » à 18h30. Elle a été réalisée par Kamal Dahmani que j'apprécie beaucoup.Comment vivez-vous votre spiritualité durant ce mois sacré 'Pour moi, le jeûne est du domaine privé. Il y a des jeunes qui font le Ramadhan et qui agressent des jeunes filles dans la rue pour leur voler le portable en plein jour. C'est terrible. Pour ma part, j'implore tous les jours Allah pour préserver ma santé et ma joie de vivre et pour que la paix dure en Algérie. Vous savez, un ami français journaliste m'a dit, maintenant que vous avez un passeport valable 10 ans, cela veut dire que vous êtes un pays stable. Dieu merci pour cela.





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