Algérie

La célèbre légende de Sidi El Haloui (suite)



La célèbre légende de Sidi El Haloui (suite)
Le nom de Sidi El Haloui le saint a traversé des siècles, victorieux de l'indifférence des hommes ; de nombreuses générations se sont courbées devant le marbre de son tombeau. Voilà donc Abd-Allah Ech-Choudi, l'Andalou, arrivé à Tlemcen, frais et dispos dans ses guenilles, et contrefaisant l'insensé. Cela se passait au moment où la puissance des Almohades commençait à décliner en Espagne, c'est-à-dire vers l'an 665 de l'hégire, soit l'an 1266 de l'ère chrétienne, sous le règne du grand Yarmoracen ben-Zeiyan. Ech-Choudi, qui a ses coudées franches sur la place publique, a eu une bonne inspiration de se mettre petit marchand de sucreries « El halwa ». Au moment favorable, Sidi El halwi change de ton et de langage ; il pose sur le sol son plateau de bonbons, et tout aussitôt, il se met à discourir sur le dogme, la morale, la destinée, la vie à venir, l'essence de Dieu, la vie de l'âme, sur les points les plus élevés de la science, sur ses problèmes les plus ardus et les plus obscurs. Et c'est en controversiste consommé qu'il le fait et avec une éloquence qui charme tous les auditeurs. Quand il en arrive à discourir sur la vie contemplative... Au bout de quelque temps de ce manège habile, Baba El Haloui fut considéré, dans tout Tlemcen, comme un oracle. Quand il daignait parler ou prêcher, c'était un cercle imposant d'auditeurs qui l'écoutaient et qui proclamaient bien haut la gloire de leur maître. Dès lors, on disait en parlant de lui : Dieu lui a révélé tous les secrets des mondes visibles et invisibles ; ses serviteurs sont les génies. Sa renommée était solidement établie parmi le peuple et elle arriva jusqu'à la cour. Aussi, un jour, le sultan dit-il à son premier vizir : « Il faut que je voie l'homme extraordinaire que l'on appelle Sidi Abdallah El Haloui ; qu'on me l'amène sur l'heure. » Celui-ci est amené au Mechouar et introduit dans l'appartement du prince. Le chef des croyants l'invite gracieusement à s'asseoir devant lui, et le fait disserter, une heure durant, sur toutes les belles choses qu'il sait : le sultan est ravi de cette science profonde. « Allez, lui dit-il, je ne veux pas que l'éducation des princes, mes enfants, soit confiée à un autre qu'à vous ; je vous choisis ; à partir d'aujourd'hui, je remets ce précieux dépôt entre vos mains ; vous serez chargé de les instruire. » Mais devant la volonté d'un roi qui n'entendait pas facilement raison, il fallut céder. Et Sidi El Haloui est devenu, malgré lui, précepteur en titre de deux jeunes émirs. Sidi El Haloui avait mis pour condition qu'il ne résiderait pas au palais ; les jeunes princes devaient venir le trouver dans sa modeste demeure. Le sultan avait accédé à cette demande insolite, tant sa confiance était grande, et puis Dieu l'avait touché à son insu, et il n'était déjà plus le maître de sa volonté.Mohamed Medjahdi





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