N’ayant pas été relogés

Des sinistrés d’El-Hamri menacent de manifester Samedi passé, l’opération relogement de quelque 500 familles des Planteurs n’a pas fait que des heureux. Loin s’en faut puisque, au moment où ces centaines de familles dormaient finalement du sommeil du juste, d’autres veillaient à El-Hamri. Il était exactement 23 heures lorsque, constatant que la commission de contrôle qui devait leur rendre visite et qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de leurs tentes avait rebroussé chemin, des dizaines de personnes de la rue Hamdani Ali et de celle voisine de Belhadri Smaïn se regroupèrent pour...marcher sur la wilaya selon certaines d’entre elles, sur la mairie pour d’autres et sur le domicile du directeur du secteur urbain pour celles auxquelles ce cadre aurait demandé de se préparer à déménager mais qui n’ont rien vu venir. A 23 heures 15, des dizaines de femmes, de filles et de petits garçons de la rue Hamdani Ali qui occupent des tentes de fortune depuis le 15 octobre 2007, étaient en pleurs et criaient leur désespoir. Parmi ces derniers, certains ont juré que, mercredi passé, le directeur du secteur urbain d’El-Hamri leur aurait demandé de faire vite et de se tenir prêts à déménager. «Le directeur du secteur urbain d’El-Hamri m’a juré que nous allions être relogés ce samedi, que j’allais recevoir mon ordre de versement et m’a même invitée à préparer l’argent que cela nécessite» jure l’une des habitantes du 101 rue Hamdani Ali, les larmes aux yeux et la voix entrecoupée de sanglots. Sur place, il n’y avait pas que cette mère de famille qui sanglotait. Au moment où des guetteurs qui attendaient la visite de la commission de contrôle retournèrent bredouilles et essayèrent de faire comprendre aux familles sinistrées que la commission avait rebroussé chemin, des dizaines de femmes, d’enfants et d’hommes se concertèrent sur la position à adopter pour faire avancer leurs revendications. Pour certains, et ils étaient majoritaires, il fallait aller chercher le directeur du secteur urbain et le forcer, à tout prix, à tenir parole. D’autres, moins nombreux mais plus déterminés, estimaient que le meilleur moyen d’arriver à leurs fins était de planter leurs tentes face à la wilaya et d’y manifester jusqu’à satisfaction de leurs exigences. Au lieu de la wilaya, des voix s’élevèrent pour dire que c’est sur la place du 1er Novembre, face à l’Hôtel de ville, que leur manifestation devrait être organisée pour avoir un meilleur écho. Cependant, au moment où certains s’ébranlèrent pour marcher sur la wilaya, des sages leur firent comprendre que le moment était mal choisi et qu’il fallait attendre la levée du jour. Contacté à ce sujet et prié de dire si le cas de ces familles allait être réglé, un responsable au niveau du secteur urbain d’El-Hamri nous a répondu par l’affirmative. «Le cas des sinistrés du 101 de la rue Hamdani Ali et du 24 rue Delhadri Smaïn sera réglé mais pas dans l’immédiat. L’opération s’étendant jusqu’au mois de décembre, ces citoyens devraient patienter et ne pas se fier aux chants des sirènes qui les poussent à l’émeute» déclare ce même responsable qui ne désire pas décliner son identité pour respecter les consignes de sa tutelle. Selon des indiscrétions, si des progrès ont été faits en matière d’équité, il n’en demeure pas moins que des cadres véreux continuent à sévir. Ainsi, avons-nous appris, des ordres de versement libellés aux noms de personnes fictives ont été adressés à certaines adresses pour être récupérés, le lendemain, par ceux-là mêmes qui les ont établis et transmis. A ce sujet, des courtiers assurent que des ordres de versement se négocient à un million de dinars pour passer allègrement d’une main à une autre. A minuit, les esprits se sont calmés et les gens sont rentrés chez eux, sous des tentes de fortune. Samedi soir donc, et au moment où des centaines de familles s’installaient finalement dans des logements décents, les sinistrés d’El-Hamri étaient en ébullition et continuaient à scruter l’horizon dans l’espoir que le soleil se lève aussi sur eux. Le fera-t-il un jour? Nemili M.