Algérie

Liberté d?expression, peut-être ...de penser pas encore !


Il certainement prématuré d?exiger tout et tout de suite ! La libre pensée ne se décrète pas, elle se cultive et mûrit à l?instar d?une graine semée et dont le terreau est fécond.En cette journée internationale de la liberté d?expression et de la presse, l?on est en droit de se poser une poignée de questions sur l?état des lieux du champ médiatique. En cette occasion le chef de l?Etat dans sa déclaration adressé au monde journalistique, réaffirme sa volonté de moderniser le secteur et de le doter de moyens à même de répondre aux aspirations des gens du métier, des hommes politiques et du lectorat en général. Pour se faire : « il y aurait lieu d?abord de débarrasser la corporation de l?argent sale et des mercenaires de la plume ! ». Il est rappelé encore dans cette déclaration, que le corps professionnel journalistique qui a payé le prix fort lors de la guerre de libération nationale, des tragiques événements qui ont ensanglanté le pays dans les années quatre vingt dix et sur d?autres fronts, doit recueillir la reconnaissance de toute la nation. Il est rendu ainsi un hommage appuyé aux femmes et aux hommes qui, souvent au péril de leur vie, ont porté haut et fort les pulsions d?une société en gestation à la recherche encore d?ancrage dans le substrat des nations modernes.Dans le même registre, Abderrachid Boukerzaza, le pétillant ministre de la Communication a célébré à sa manière cette journée en s?offrant une tribune de choix, le forum de la télévision, où il se prête volontiers aux éventuels « coups tordus » des chevaliers de la plume. Il confirme le « feu vert » obtenu du chef du gouvernement pour la réhabilitation du secteur, par toute mesure jugée opportune. S?étant attendu peut être à être interpellé sur les mauvaises conditions socio professionnelles que vivent certains journalistes, il n?en fut rien. Le ministre a roulé sur du velours dans la mesure où la dépénalisation du délit de presse est revenue à plusieurs fois sur le tapis, focalisant le débat sur une disposition légale d?ordre institutionnel. N?ayant pas réussi à convaincre dans le point évoqué, il se voit en fin de séance ramener de l?eau à son moulin, par une professionnelle aguerrie qui ne demandait et pas moins, le maintien de la législation actuelle relative à la diffamation en son article 144 bis du Code pénal. Victime elle-même de diffamation, elle se désolidarise de la corporation et ne voit pas l?utilité d?un conseil de déontologie et de l?éthique. Elle semble se contenter des textes de loi 07 /90 et 11/90. On ne ferait pas mieux dans l?autodafé professionnel.Et là le porte parole du gouvernement affirme sans ambages, l?ignorance avérée de certains journalistes qui ne cernent pas encore le cadre juridique qui régit la profession en elle-même et celle régissant le journaliste comme tout travailleur, avec cependant sa spécificité propre. Il rappelle que beaucoup parmi eux travaillent au noir,sans couverture sociale et à cela il ne peut être répondu que par la voie syndicale dans le cadre de la loi 90/11 qui réglemente la relation du travail et la convention collective établie avec l?employeur. La carte nationale professionnelle est l?outil approprié pour ouvrir le champ des sources d?information évitant par la même, les situations conflictuelles et le délit de presse. Il est même permis de dire que ce document officiel comporte d?autres avantages d?ordre matériel, notamment la réduction des coûts de transport dans le réseau public ou l?acquisition du logement à des conditions avantageuses. Ceci après bien entendu les négociations préliminaires avec les secteurs en charge de ces dossiers. La spécialisation sectorielle crédibilisera de plus en plus le correspondant de presse et le rapprochera de plus en plus de la source originelle de l?information. Il évoque à ce titre que 97% des affaires traitées par l?appareil judiciaire sont le fait de personnes le plus souvent physiques qui se sentaient atteintes dans leur honneur ou dignité.Si l?institution déontologique constituée de confrères et consoeurs au fait des arcanes professionnels est réactivée, la majorité des plaintes pour diffamation s?éteindraient d?elles mêmes. Que peut il y avoir de plus stigmatisant que l?opprobre des pairs ? Il faut reconnaître que beaucoup « de blancs-becs » impatients de vite se faire un nom tombent dans le piège de la diffamation qui leur est tendu par l?inexpérience et s?érigent ainsi, selon l?expression de l?orateur en « moungar et mounchar »... ce qui souleva l?hilarité de l?assistance. Boukerzaza n?était loin pas de la vérité.Il est relevé une certaine impatience, légitime d?ailleurs mais quelque peu immodérée, chez certains journalistes qui trouvent qu?il n?a pas été assez fait pour une véritable liberté de la presse. Par contre l?observateur lambda que nous sommes ou du moins celui qui a vécu à cheval sur les époques ante et post Octobre, constate cette fulgurante avancée de l?acte d?informer et qui s?est faite en un temps que beaucoup de nations, ne pourraient accomplir qu?en plusieurs générations avec la volonté du changement de bien entendu. De moins d?une dizaine de publications, il est dénombré actuellement six titres publics et cinquante neuf privés ;le dernier né, « Sud Info » vient d?égayer la morosité des champs pétrolifères de Ouargla et ses environs. A propos du Sud profond, une des interviewée du reportage document de l?émission aborde avec une certaine dérision, la distribution de la presse dans sa région. Elle n?a pas manqué de d?étayer son propos par la boutade suivante : « Le journal n?arrive chez nous que lorsque les gens du Nord commence à essuyer leurs vitres avec ».c?est dire toute la problématique de la distribution. Le ministre ne manquera pas de rappeler qu?il y a beaucoup de choses encore à faire dans ce domaine. Totalement privatisée cette activité pêche encore par ses travers, une certaine faune, ne se prive pas d?exiger de distributeurs locaux de favoriser tel titre sur tel autre. Là aussi des manquements à l?éthique sont encore observables çà et là. Les aléas de l?éloignement n?explique pas tout, un des journalistes présents à rapporté le cas de M?Sila qui ne reçoit que quatre quotidiens.A cet effet la parade viendrait incontestablement des imprimeries régionales que le secteur a programmé dans son plan d?action ; la plus récente étant celle de Ouargla. En dépit de quelques ratés, notre pays s?inscrit en matière de distribution dans une performance de 2,5 buralistes pour 10.000 hab. dépassant largement la norme arrêtée par l?UNESCO.En ce qui concerne l?agrément de nouveaux titres, le membre du gouvernement à qui la question est posée de savoir de qui, de la Justice ou de la Communication, relève l?agrément, il rappelle que seuls la simple déclaration et le récépissé de dépôt auprès du parquet prédisposent déjà à la création d?une publication. Il informe que 29 titres spécialisés ont reçus leur agrément depuis juillet 2007.En ce qui concerne le secteur de l?audio visuel et la sempiternelle ouverture au secteur privé le segment thématique du moins, l?ex ministre de la Ville a ouvert de grands boulevards dans l?argumentaire de l?auditoire. Il rappelle que le ciel algérien est ouvert à toutes les chaînes satellitaires de l?univers et insiste cependant pour dire que cette ouverture est tributaire de la production audio visuelle nationale. Celle-ci existe bel et bien, l?ENTV tourne avec de nombreux produits privés !Quant aux accusations portées à l?encontre de la vénérable chaîne par certains partis politiques en ce qui concerne ses « préférences », le ministre dédouane H.H.C et parle de cahiers des charges tant il est vrai, que même le statut de service public de l?institution, ne la dispense aucunement de son caractère commercial. Il est prévu dans une première phase, l?érection des 4 stations régionales en chaînes semi autonomes et la réalisation de la Maison de la Télévision. Quant à la radiodiffusion, la tendance d?une station par wilaya est en phase de finalisation, l?information locale n?a pas d?autres canaux que cet outil. Nous avons failli en matière de communication et de médiation, d?ailleurs beaucoup d?observateurs notamment diplomatiques époustouflés par les acquis en matière de développement socio économique, nous reprochent notre « mutisme » sur cette vivacité industrieuse que nul marketing ne sous tend. Il y a une grande part de vérité dans le constat. « Travaille et laisse les autres parler pour toi ! », cet adage du terroir a permis à Boukerzaza de conforter cet état de fait particulier à notre tempérament. Il est prévu en outre une maison de la radio nationale, qui regroupera toutes ses « filiales », cette information est venue en réponse à la question subrepticement posée par l?animatrice, pour faire état du programme d?investissement du secteur de la Communication.La radio internationale, cadette des chaînes nationales, ne disposerait selon l?animatrice que d?un petit réduit comparable à la « boite d?allumettes » d?Al Djezeera ; d?ailleurs à l?écouter, le mimétisme khaliji est perceptible dans la tonalité vocale de certains de ses animateurs. Le ministre enrobera cette exiguïté des lieux par une courtoise envolée du genre : « Le c?ur de ses travailleurs est plus grand ! »Le secteur de la publicité qui a connu lui aussi une fulgurante ascension, gagnerait à être organisé et au plus vite. L?impact socio culturel de ce segment peut être négateur de repères comportementaux et même linguistiques locaux, le « Gaâ » et « Ich la vie » de certains consortiums privés étrangers affichés ostensiblement est là, pour nous le rappeler si besoin était. L?animatrice n?a pas manqué à ce titre de rappeler au ministre que la partie réservée à la publicité ne devait guère dépasser le 1/ 3 des pages des publications, il se trouve que des quotidiens même publics dépassent largement ce seuil, transgressant les règles établies. Le ministre rebondi sur le thème pour déclarer que si ce seuil est avéré dépassé, le journal est distribué gratuitement puisque toutes ses charges sont couvertes par le revenu publicitaire.Ce qu?il faut d?ailleurs imposer et ce ne peut être que des attributs régaliens des pouvoirs publics. En dépit de ces crachotements, on peut et sans forfanterie être en droit d?être fier de cet acquis obtenu de haute lutte. Glorieux butins de la plume et de l?objectif, de grands territoires ont été arrachés aux apparatchiks, aux féodaux et aux félons de tout bord. Moraliser le secteur sera le grand chantier à mener pour épurer ce patrimoine immatériel de toutes les scories observées jusque là. Le journaliste est ce personnage auquel on s?ouvre aisément et à qui on montre volontiers ses tares. Il est probablement le seul à qui, il est fait des révélations que l?on ne ferait à aucune autre personne, pensant être à travers lui, rétabli dans notre bon droit. Il est en fait le « Bayard » des petites gens, des opprimés et des laissés -pour -compte. Il ne doit surtout pas décevoir !



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