Puisque mai est là

Le 1er Mai symbolise la fête des travailleurs. Il rappelle leurs luttes syndicales, au cours du siècle dernier, contre le capital exploiteur et les pouvoirs dictatoriaux.Aujourd?hui, sa commémoration arbore de piètres allures, que celles de jadis pleines d?ardeurs et d?espoirs collectifs de progrès ainsi que l?apparition de nouvelles idées, pour une meilleure justice sociale, exprimées par des manifestations humanistes en tous genres. Mai 68, en France, fut la représentation la plus éclatante, exubérante. Ce fut bel et bien le temps des cerises. Actuellement, c?est celui des crises d?un autre genre dont l?absence de solidarité des idées et des luttes syndicales. Il en ne demeure pas moins, que l?ambiance pré estivale de ce mois stimule, en tout temps, l?entrain des jeunes gens, et, leur donnent envie de s?amuser, de voyager, de transgresser les frontières de toutes sortes, et constitue une occasion idoine, pour eux, de faire des rencontres d?amitiés, de promesses et d?immenses espoirs en tous genres. C?est aussi le mois des nostalgies, pour les gens âgés ayant connus les charmes des soirées animées en plein air, et, embaumées d?odeurs printanières de toutes sortes, que seule une méditation profonde rappellerait ces doux moments de jeunesse. Une fenêtre à ouvrir, là ou on se trouve, pour revisiter le passé et s?aérer au présent.Au début de cette semaine, j?avais décidé de séjourner 24 heures en pleine campagne. Pour deux désirs, l?un étant lié à mon parcours professionnel, sur plus de 45 ans, l?autre envie est que je sais pertinemment que les nuits de fin avril ne sont féeriques qu?en plein air, à coté des grands prés, des arbres et des animaux. En fait, une nostalgie de jeunesse et en même temps une oxygénation de l?esprit ! Donc je prends le chemin menant au hameau ou habite un vieil ami, de longue date, agro-sylvo-pasteur depuis qu?il avait l?age de 10 ans. Le lieu où il réside-dit el mdina-est situé en lisière de maquis clairsemé, dans lequel le chêne vert et le genévrier prédomine. L?endroit est situé dans l?atlas saharien, à une quarantaine de kilomètres, au nord ouest, d?une ancienne agglomération semi urbaine devenue depuis 1984 chef de lieu de daïra qui, depuis, a attiré au moins 70% des ruraux des hameaux d?alentours - au demeurant en état de fragilisation socio-économique avancée - autrefois garnis de petits vergers d?arbres fruitiers rustiques irrigués par différents moyens mobiles, ainsi que de bosquets de cactus disposés de telle façon qu?ils servaient d?enclos pour le bétail. Tout un mode vie paysan évanescent. C?est ainsi ! Mis au courant de mon intention, il en fut ravi et m?accueille chaleureusement en milieu de journée. Après un déjeuner frugal à base de galette d?orge de l?année et de petit lait beurré, je me suis assoupi dans l?ancienne bâtisse désaffectée composée de quatre pièces. J?avais sollicité, avec insistance, d?y demeurer durant mon séjour. Elle fut construite en «Touiza» Dans les années cinquante, avec de la pierre extraite de la carrière des environs. Le sol est dallé en pierres plates, les murs enduits par de la chaux cimenté, et, le plafond en poutres centrales et secondaires, en bois de genévrier et ourdis par des nattes de roseaux. Tout un tableau ! La toiture, quand à elle, est en tuiles faîtières. Elle dégage une ambiance attrayante. Une grande pièce y attenante est occupée par le bétail. Autrefois, ce fut la chambre dite «d?El aïla», celle de la famille, et, qui servait aussi pour les invités et toutes les rencontres conviviales. Ce fut un sommeil de plomb sur une litière sommaire, mais confortable. Sitôt réveillé, et rafraîchi avec de l?eau réfrigérée, nous dégustâmes ensemble un bon café fumant entrecoupé de prise de cigarettes, puis du lait de vache accompagné d?une galette de blé tendre «rekhssass» désigne-t-on localement. Un mets savoureux. Tout juste après, il m?invitât à visiter l?exploitation que je connais depuis bientôt une trentaine d?années, mais que je n?avais plus revu depuis plus de trois ans à la suite du décès de sa femme. D?une superficie de 8 ha, aux sols à prédominance argilo-calcaire, initialement cultivée en céréales dont l?orge principalement, une trentaine d?ovins, une dizaine de chèvres, une innombrable volaille constituée de poules, dindes, oies, faisans et autres petits élevages tels que l?apiculture et le lapin, et, enfin une vache de type local et un couple d?ânes. Il ne possédait ni forage, ni autres gros matériels. Aujourd?hui, il à une cinquantaine de moutons, deux chèvres, une vache frisonne consommant deux fois plus que celle qu?il avait et enfin quelques poules. Les bâtiments et matériels d?exploitation se composent d?un parquet avicole 2000 T chair désaffecté depuis 5 ans, un forage et bassin équipés irriguant 2 ha d?oliviers et un hectare d?abricotier - malheureusement atteint en grande partie par la maladie dite de gommose ou monilia - acquis dans le cadre du programme de soutien de l?Etat, une camionnette d?occasion achetée depuis 5 ans grâce à sa pension d?ex émigré retraité en France. L?économie rurale dans ces contrées est ainsi faite. Dépendante d?apports externes mais surtout fragile au plan interne. Une précarité socio-économique menaçant des dizaines de milliers d?exploitations dont leur mise à niveau est devenue impérieuse. Entre-temps, il a pu bâtir une grande maison étagée. Un hôtel, aime-t-il le designer ainsi à l?intention de ses enfants ! Il m?informa que le premier étage comprenant 9 pièces est inoccupé, ses trois fils tous mariés habitent au chef de lieu de wilaya et y travaillent dans les services et autres négoces à l?air du temps. Le plus jeune, plombier de formation et mécanicien d?occasion, âgé de 32 ans est célibataire ainsi que ses deux filles l?une brevetée d?enseignement moyen chômeuse, l?autre sociologue en pré emploi, résident avec lui. Agé de 68 ans, il est veuf depuis 3 ans.  UNE SOIREE RURALE ANIMEE