Algérie

Le RND s'en prend aux exécutants du programme de Bouteflika



Le RND dont les députés ont voté la loi de finances 2008 dans sa globalité revient pour critiquer certaines mesures de cette loi. Par la voix d'un de ses membres, en l'occurrence Abdelkrim Harchaoui, le parti a regretté que ladite loi n'a pas favorisé l'investissement productif et la relance du secteur de l'agriculture et de l'industrie. En pleine campagne électorale pour les élections locales prévues pour le 29 du mois en cours, Abdelkrim Harchaoui, membre du bureau national du RND et ancien ministre des Finances, a animé une conférence de presse pour débattre des amendements apportés à la loi de finances 2008. Le conférencier a tenté, à vrai dire, de clarifier quelques mesures adoptées dans la loi de finances 2008 tout en exprimant le point de vue de son parti sur l'évolution des recettes et des dépenses budgétaires, sur les programmes de relance économique et de soutien à la croissance économique, et sur d'autres sujets pertinents tels que le cadre incitatif à l'investissement productif, les réformes bancaires, la mise à niveau des PME/PMI et l'emploi ainsi que d'autres thèmes d'actualité. Avant de parler des nouvelles mesure de la loi de finances 2008, Abdelkrim Harchaoui a sévèrement critiqué les méthodes et les démarches entreprises jusque-là dans le cadre du soutien à la croissance économique et sociale, notamment sur le plan de l'investissement productif. Le conférencier a commencé par dire qu'aujourd'hui les responsables algériens n'engagent pas assez de débats sur la croissance. Et de s'interroger: «Y a-t-il une politique de croissance qui est basée sur un fond contenu d'emploi ?». Il recommande de cibler des objectifs en allant vers des secteurs productifs. Et pour bien illustrer cette idée, le conférencier a cité des mesures déjà prises dans le cadre de la loi de finances 2008. Il a trouvé anormal le fait de prévoir 4% de croissance pour le secteur de l'agriculture et 3% de croissance seulement pour le secteur de l'industrie, dans la loi de finances 2008, alors que le pays dispose de grandes capacités et réserves naturelles pour le développement de ces deux secteurs en mesure de garantir une véritable croissance économique. Pour Harchaoui, l'Algérie peut atteindre une croissance de 8 à 10% dans les deux secteurs (industrie et agriculture) si les pouvoirs publics mobilisent les énergies dormantes et les réserves naturelles du pays, avec bien évidement un soutien et un appui incitatif à l'investissement productif. Le conférencier est allé plus loin dans ses critiques en affirmant que certains responsables utilisent des mots et de grands slogans pour parler d'industrie en négligeant et en faisant abstraction des objectifs qu'il faut atteindre à court et à long terme. «Les exécuteurs des programmes de croissance parlent du géant de l'industrie qui s'éveille et d'autres parlent de la création de pôles de compétitivité alors qu'on a même pas une industrie productive capable de créer une compétitivité», a-t-il soutenu. Il ajoute «qu'il faut d'abord penser à créer des pôles de développement industriels pour parler ensuite de compétitivité». Le conférencier a ensuite évoqué le problème du foncier qui, selon lui, est à l'origine du blocage de plusieurs projets d'investissement. «Tout le monde a plaidé pour solutionner le problème, tous les ministres ont évoqué le problème du foncier mais pas de solution sur le terrain et cela dure depuis 10 ans déjà», a-t-il précisé. Harchaoui affirme que «la solution est entre les mains de l'Etat puisque le domaine foncier est la propriété de l'Etat». Notons que parmi les amendements à la loi de finances présentés par le RND et qui ont été rejetés, celui portant sur la concession gratuite des terrains industriels aux investisseurs étrangers et nationaux. Le RND avait beaucoup plaidé pour l'adoption de cette mesure afin «d'encourager les investisseurs à s'installer et de créer de la richesse». Deux autres amendements proposés par le parti d'Ouyahia ont été rejetés également. Le premier concerne la vente aux enchères des entreprises privatisables après le non aboutissement de deux appels d'offres et le deuxième sur l'exonération de la TVA sur les produits de base à large consommation. Cette disposition a été rejetée parce que les produits de base tels que le lait et le blé sont déjà soutenus, et pour ce qui est du sucre et du café ainsi que l'huile, en cas de suppression ou de réduction de la TVA, les prix ne vont pas changer et que le seul gagnant dans l'affaire sera l'importateur. Si Harchaoui a critiqué la démarche ou la méthode entreprise par les exécutants du programme présidentiel, il n'a cependant en aucun cas critiqué le programme présidentiel en lui-même. Au contraire, il a trouvé que l'Etat a fait beaucoup pour l'aménagement et la réalisation des infrastructures de base et les grands projets. Il a affirmé que loi de finances 2008 consacre 280 milliards de dinars, soit 4 milliards de dollars, pour le secteur de l'hydraulique, l'équivalent du budget d'équipement pour toute l'Algérie dans la loi de finances 2000. Le conférencier a voulu ainsi démontrer que la volonté existe mais le problème réside dans la capacité de gestion et de réalisation. «Nous avons un vrai problème de capacité de gestion, c'est pour cela que l'Etat a fait appel à des entreprises chinoises, allemandes et turques», a-t-il fait remarquer. Il a précisé que la réalisation des grands projets et des infrastructures de base à elle seule ne résoudrait pas les problèmes économiques et sociales: «L'investissement productif reste le moteur du développement», a-t-il conclu.
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