Algérie

L'hygiène au menu...


L'hygiène au menu...
La fièvre consumériste atteint les Algériens durant le mois de Ramadhan. Sauces blanches, rouges, chorba, dolma, bourek et jus en tous genres sont le lot quotidien des jeûneurs.Les produits carnés sont les plus touchés par la forte consommation. «Je ne suis pas un gros mangeur. Durant le Ramadhan, encore moins. Mais je ne peux me passer d'une bonne chorba frik (blé concassé), et d'un brik bien garni préparé par l'aadjouz (maman).La viande rouge surtout doit entrer dans la composition des plats préparés par ma mère, qui est un cordon bleu reconnu par les siens et ses voisins», signale, dans un éclat de rire, Slimane, jeune trentenaire de Bab El Oued, qui affirme tenir à garder sa silhouette de sportif et d'éviter les excès du f'tour et de la soirée ramadhanesque d'habitude grasse et sucrée.Les Algériens, qui font emplette durant le mois sacré, tiennent à avoir de la viande dans leurs plats. Pas question que la chorba en soit dépourvue. Mais, contrairement aux années précédentes, les professionnels ont remarqué «moins d'engouement» pour les produits carnés.«D'habitude, les gens jouent des coudes dans les boucheries des quartiers ou dans les superettes. Mais à une semaine du mois de Ramadhan, on ne remarque plus ces files d'attente», signale un boucher de la rue, qui assure qu'il arrive difficilement à écouler sa marchandise, la préférence des Algérois va à la viande blanche.Cette situation est-elle due à la crise, aux campagnes de boycott lancées par l'association des consommateurs? ' «Il y a un peu de tout cela à la fois. L'Algérien se serre beaucoup plus la ceinture, surtout avec les frais qu'il doit supporter (AADL, véhicule, etc.). Les habitudes culinaires des Algériens changeront à l'avenir», signale un boucher d'Alger-Centre.Ces habitudes changeront en raison de l'hygiène de vie que veulent avoir les consommateurs. Il y a moins d'engouement pour la viande ovine, et plus sur le bovin, surtout dans des villes où la tradition s'est maintenue de génération en génération. «A Alger, les consommateurs préfèrent de plus en plus la viande bovine, moins grasse. Les Algérois imitent de plus en plus nos compatriotes kabyles, qui eux raffolent de viande bovine», signale Tahar Ramram, président de l'association des chevillards des Abattoirs du Ruisseau où près d'un millier d'agneaux sont abattus au quotidien. De la viande d'âne dans nos plats !La période de Ramadhan, si elle renseigne sur les habitudes culinaires des Algériens, fait ressortir quelques appréhensions. Des viscères, des carcasses d'âne avaient été découvertes à l'ouest du pays ces dernières semaines. Plus avant, des têtes d'âne avaient été découvertes à Djebel Boudarga, dans la wilaya d'El Bayadh. Les services de la sûreté de wilaya soupçonnent des individus d'avoir écoulé de la viande de ces équidés sur le marché local.Cette découverte, qui avait fait au début du mois d'avril dernier les choux gras de la presse régionale de l'ouest du pays, a été précédée d'une rumeur persistante de commercialisation de viande d'âne par des bouchers de cette région du sud-ouest du pays. Les gens de cette wilaya n'ont pas été les seuls à avoir consommé de la viande d'âne.En 2010, quelque 55 tonnes de viande ont été écoulées dans différents marchés de la capitale. L'émoi était d'autant plus important que la gendarmerie avait fait sa découverte en plein mois de Ramadhan. Le réseau avait été démantelé à El Harrach (à l'est de la capitale). Les bouchers mis en cause dans l'affaire avaient été poursuivis en justice et leurs locaux fermés.En 2011, les mêmes gendarmes ont fait une saisie encore plus importante à Bir El Ater, Tébessa. Six quintaux de viande d'âne congelée ont été découverts dans une maison inhabitée de la bande frontalière. Cette importante quantité était destinée à la contrebande vers la Tunisie.A la même période, les services du voisin de l'Est ont arrêté des bouchers impliqués dans un trafic qui laisse supposer qu'un trafic transfrontalier impliquerait des contrebandiers de tous les pays du Maghreb. En 2012, une cargaison de carcasses d'âne et d'ânon a été interceptée par les services de sécurité dans la wilaya de Tiaret.Le porte-parole de l'Ugcaa, El Hadj Tahar Boulenouar, confirme l'existence de «filières» de trafic de viande d'âne. «Il est difficile pour les services de contrôle de découvrir pareil trafic. Les bouchers ne sont que la partie visible d'un trafic impliquant toute la chaîne, depuis l'abattage jusqu'à la commercialisation», précise M. Boulenouar.Le porte-parole de l'Ugcaa craint que le phénomène ne «prenne de l'ampleur», surtout pendant le mois de Ramadhan. «La DCP ne lésine pas sur les moyens pour contrôler ce qui est vendu par les milliers de commerçants à Alger», a rassuré M. Hedjal, de la direction du commerce d'Alger. «L'implication de tous est essentielle. Le contrôle doit certes jouer son rôle.Mais le client aussi a une part de responsabilité. Les médias doivent également faire de la sensibilisation», estime le président de l'APOCE, Mustapha Zebdi.




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