Algérie

Il y a 15 ans, l’attaque terroriste de l’Amirauté d’Alger



Il y a 15 ans, l’attaque terroriste de l’Amirauté d’Alger La plupart, voire la totalité, des attaques terroristes des années 1990 contre des infrastructures militaires n’ont pu avoir lieu que grâce à des complicités de la part de soldats infiltrés par les islamistes ou recrutés à travers des réseaux mis en place par les organisations armées... Moins d’un mois après l’attaque du poste frontalier de Guemmar, à la fin novembre 1991, qui devait être le baptême de feu de l’éphémère «Mouvement islamique armé» (MIA), un acte de même nature devait se commettre à Ténès, dans la wilaya de Chlef, par une organisation terroriste dont la création par Mansouri Meliani avait laborieusement évolué depuis le début de l’année précédente et qui finira par devenir le sinistre GIA. La préparation de cette attaque avait été envisagée à la suite d’une rencontre de l’»Afghan» Sid Ahmed Lahrani et d’un militaire, le sergent Mohamed, acquis aux thèses djihadistes. Elle devait cibler une vedette de la Marine nationale pour voler les armes et munitions qui s’y trouvaient. Les hésitations de Mansouri, qui ne sentait pas les siens prêts, n’ont pas permis à son groupe de passer immédiatement à l’action. Mais ce ne fut que partie remise. Au début du mois de janvier 1992, la vedette en question dont Mohamed était un membre de l’équipage a été dirigée vers les ateliers de réparation navale situés au niveau de l’Amirauté d’Alger. Le militaire pro-islamiste reprend contact avec Sid Ahmed Lahrani et déclare sa disponibilité, autant que celle de ses deux complices affectés avec lui dans la même vedette, les sergents Noureddine et Ahmed. L’attaque est alors préparée dans le détail avec la participation d’une dizaine de terroristes. Elle commence par une rencontre organisée le 8 février 1992 entre les trois soldats islamistes et le groupe terroriste dans un immeuble de la rue Abderrahmane Mira à Bab El-Oued (Alger) où réside Lahrani. Un plan est concocté, prévoyant de scinder les assaillants en trois groupes. Le premier est chargé de provoquer des actes de diversion à l’extérieur. Le deuxième devait faire le guet et attendre devant l’entrée des ateliers pour introduire un fourgon où devaient être chargées les armes volées. Le dernier, constitué des trois militaires infiltrés, avait la charge d’éliminer les soldats à bord des vedettes amarrées et s’emparer de l’armement. Une dernière rencontre les regroupe de nouveau à Bologhine (Alger), au cours de laquelle le militaire infiltré Mohamed a remis aux terroristes de Lahrani des uniformes militaires de combat et fixé l’heure de l’attaque dans la nuit du mercredi 12 février. Cette nuit-là, le militaire islamiste Noureddine devait être de permanence et une bonne partie des militaires devaient être en permission pour le week-end. Le jour J, en début de soirée, Mohamed fait introduire sur les lieux Mourad Ahmine dit Mourad El-Afghani (médiatisé par la presse sous le nom de Mourad Hanni) et le présente comme un sous-officier de la Marine. Au moment de l’assaut, le sergent Noureddine se charge de guetter du haut de la passerelle de la vedette les mouvements de la garde et de l’officier de permanence pendant que Mourad El-Afghani et le sergent Ahmed assassinent sauvagement à la baïonnette les militaires endormis à bord de l’embarcation. Mohamed n’eut même aucune pitié pour son compagnon de chambre, le sous-officier Nasreddine. L’armoire dont il avait la clé (il était le sous-officier de permanence cette nuit-là) contenant les armes est vidée dans de grands cabas. A ce moment, plusieurs bombes explosent devant des édifices publics loin de l’Amirauté pour attirer les forces de police. Ce sont les terroristes du premier groupe (Nasreddine Ouahabi et Mohamed Abdelwahab dit Radouane) qui venaient de provoquer l’action de diversion. Le sergent Mohamed et Mourad El-Afghani neutralisent le personnel de la garde et se dirigent vers le portail d’entrée pour l’ouvrir et permettre au fourgon d’accéder à l’intérieur avec les autres terroristes pour éliminer les autres soldats et charger l’armement déposé dans les autres vedettes. Un caporal, qui se trouvait avec l’officier de permanence, sort pour faire une ronde et tombe sur les deux compères. Ils le désarment, mais il ne se laisse pas faire. Ses cris font sortir l’officier qui est aussitôt mis en joue et sommé de remettre son pistolet de service. Il le tend tout en tirant, atteignant le sergent Mohamed à la tête mais Mourad El-Afghani l’arrose de son Kalachnikov. Le caporal court vers la salle de permanence où il s’enferme et actionne la sirène d’alarme. El-Afghani se dirige vers le portail. Au moment où il y arrive, il reçoit une volée de balles, tirée par une sentinelle qu’il n’avait pas vue. Elles l’effleurent mais l’arme venait de s’enrayer. Il est néanmoins blessé à la cuisse dans un corps à corps sans merci où El-Afghani, rompu au combat rapproché, arrive à se dégager. La sentinelle plonge sur un Kalachnikov tombé par terre et lui crible le corps. Avant de mourir, l’»Afghan» tire d’une de ses poches une carte d’identité qu’il déchire et commence à avaler. Sur le bout récupéré, un seul mot: Daïra de Hussein Dey. C’est-à-dire le lieu où elle a été délivrée. Entre-temps, la sirène actionnée par le caporal a fait fuir vers l’extérieur les sergents islamistes Noureddine et Ahmed qui tirent à bout portant sur le soldat Madjid qu’ils croisent. Le crépitement des balles a alerté les unités et les forces de l’ordre. Les deux fuyards, en atteignant le portail d’entrée, tombent sur une patrouille de police. Ils tirent dans le tas, tuant sur le coup son chef. Mais l’alerte est donnée. Les deux sergents sont pris au piège. Ils ne savent où aller du fait que seul le sergent Mohamed connaissait la suite du plan. Un véhicule de passage dans la rue est braqué et son conducteur sommé de les déposer à Bab El-Oued pour rejoindre la seule planque proche qu’ils connaissent: l’immeuble du boulevard Abderrahmane Mira. Mais ils tombent sur un barrage de police, hâtivement dressé dans le dispositif d’usage en cas d’alerte. Les membres du groupe chargé de créer une diversion sont arrêtés dans la même nuit par une patrouille de police, attirée par leur comportement suspect. Dans le cabas qu’ils portaient, il y avait encore quatre bombes artisanales. Trois autres posées à proximité du lieu de leur interpellation ont été récupérées. Le fourgon qui devait transporter le butin volé et où se tenait le groupe qui faisait le guet a disparu dès l’apparition des renforts. Toutes les armes ont été récupérées. Lahrani, Ouahabi et Abdelwahab dit Radouane sont arrêtés ainsi que les deux sergents Noureddine et Ahmed.
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