Devant l’impasse des négociations avec Naftal

Les stations-service libres en Grève Les gérants des stations-service libres ont décidé de lancer à partir d’hier un mouvement de grève. C’est la conséquence directe de l’échec d’un dialogue de sourd entre Naftal et le syndicat de ces gérants. Pourtant, selon la lettre explicative de Naftal, les amendements apportés au contrat la liant aux gérants des stations-service contenaient des «dispositions avantageuses et souples en faveur des gérants libres». En effet, Naftal, tout en restant le propriétaire légal de ces stations, a exclu toute éventualité de récupération de ces stations par l’entreprise. Sans résultats puisque les gérants libres ont décidé finalement de mettre à exécution leur menace de grève. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, la fédération des gérants note que «la décision finale et la durée de débrayage seront définitivement déterminées le 3 février prochain, en concertation avec le secrétariat de l’Union générale des commerçants et artisans algériens». Les exploitants libres de stations-service rappellent que le préavis a été précédé d’un moratoire de 30 jours transmis à toutes les parties concernées, «demandant l’arrêt immédiat des pressions et intimidations exercées par Naftal». La lettre de la direction générale de Naftal, «n’est pas une réponse sérieuse», estiment les exploitants libres de stations-service «tant elle ignore, précisent-ils plus loin, l’âme même des revendications», en l’occurrence le rejet sans appel de la location-gérance. «La substance d’un différend persistant de plus d’une vingtaine d’années ne peut raisonnablement être réduite à de superficiels aménagements et assouplissements de contrat. Ramener un si lourd contentieux à quelques amendements minimalistes, c’est proprement faire preuve de cécité, sinon de fuite en avant». Le seul compromis possible, de leur point de vue, se trouve dans l’octroi d’une concession aux exploitants libres. En insistant sur le maintien «sans équivoque» de la propriété de l’Etat sur les stations-service dite GL. «C’est la seule formule à même d’assurer la pérennité de notre activité mise en péril par le fragile et précaire régime de la location-gérance», précisent-ils. En parallèle, ils s’engagent, par le biais d’une convention commerciale, à ne s’approvisionner qu’auprès de Naftal en produits pétroliers pour affronter le contexte concurrentiel à venir. «Nous estimons que notre demande de concession n’est pas exorbitante au regard des larges motivations qui la sous-tendent et des strictes conditions qui l’encadrent», relève la fédération, estimant que «l’option de la concession offre, en outre, l’opportunité politique de réparer une grave injustice historique ayant instauré une discrimination de fait douloureusement vécue par les exploitants libres dits GL, qui n’ont pu bénéficier de la loi relative à la cession des biens de l’Etat». Les exploitants privés parlent également d’un «paradoxe», à savoir «des privilèges aux entreprises étrangères dans des secteurs aussi stratégiques que l’exploitation, tout en excluant les Algériens du circuit de la distribution». «Pourquoi, font-ils remarquer, le bénéfice de la concession largement accordé par la loi sur les hydrocarbures aux entreprises étrangères dans les segments incomparablement plus stratégiques et sensibles que la petite distribution, serait-il refusé mordicus à de modestes revendeurs 100% algériens, exploitant familialement les stations-service de façon stable, régulière et ininterrompue depuis un demi-siècle?» Cette grève va-t-elle perturber la distribution du carburant et provoquer des queues devant les stations-service?