Algérie

«Le texte relatif à l’agrément de la Khalifa Bank publié dans le JORA était falsifié»



Les graves révélations de Laksaci Les déclarations faites par l’actuel Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, devant le tribunal criminel de Blida ont produit l’effet d’une autre bombe. Cenouveau développement intervient après l’autre bombe qu’ont constituée, avant-hier, les révélations faites devant ce même tribunal par l’ancien Gouverneur de la Banque d’Algérie, Abdelwahab Keramane lorsqu’il a déclaré que ce sont, l’ancien ministre des Finances, Mohamed Terbeche, ainsi que l’actuel Gouverneur de cette banque Laksaci qui ont stoppé le cours des mesures décidées contre la banque Khalifa. Hier, Laksaci a révélé avoir informé par courrier officiel et rapport écrit l’ancien ministre Mohamed Terbeche des graves dépassements de la banque Khalifa. Il a de même assuré lui avoir demandé de prendre d’urgence les mesures prévues par la loi n°22/96 qui lui confère de larges prérogatives pour sanctionner les banques, mais que le ministre, qui avait réclamé un autre exemplaire du rapport, n’a rien fait. Cette attitude le pousse à s’interroger sur la position ambiguë du l’ancien ministres Finances qui sera, sans doute, appelé afin d’expliquer au tribunal la position qu’il a adoptée. Dans ce même sillage, le Gouverneur de la Banque d’Algérie ayant succédé depuis juin 2001 à Keramane a fait état d’informations encore plus graves selon lesquelles il a été fait usage de faux dans la publication de l’agrément de la banque Khalifa dans les colonnes du Journal officiel de la République Algérienne Démocratique et Populaire. A ce propos, Laksaci assène que «le texte relatif à l’agrément de la Banque publié dans le Journal officiel était une copie falsifiée qui n’a pas été publiée dans son intégralité». Dans son témoignage fait, hier, devant le tribunal de Blida, il a également assuré que le texte avait été amputé de l’article 2 qui contient, pour l’essentiel, le nom du P-dg et celui du président du Conseil d’administration qui sont responsables devant les autorités officielles et ce, en dépit du fait que la loi sur le crédit et la monnaie prévoient la publication intégrale du contenu du document portant agrément ainsi que de tous les renseignements et articles qui y sont contenus en sus de l’obligation de citer l’identité professionnelle du P-dg et du président du Conseil d’administration. Selon le témoin, cela n’a pas été respecté dans la déclaration portant agrément de la banque Khalifa. Devant d’aussi graves révélations, tout aussi bien le tribunal que l’assistance ont été frappés de stupeur surtout que cela s’est produit au Journal officiel, un document qui jouit encore d’une certaine sacralité. Le témoin a de même rapporté que le document publié sur les colonnes du JORA donnait le nom du directeur, Kaci Ali, et non celui de Khalifa Rafik Abdelmoumène qui s’est emparé du poste après la démission de Kaci Ali, le premier directeur de la banque Khalifa quelque temps seulement après la publication de l’agrément au JORA. Selon ce même témoin, l’agrément de cette banque constituait une faute grave qui a ouvert la voie à tous les dépassements commis par cette même banque avant d’ajouter que la loi portant octroi de l’agrément à toute banque, garantit la possibilité de s’assurer auparavant de sa santé financière, l’origine des capitaux afin d’éviter que les ressources ne proviennent pas de détournement de deniers, de trafics de drogues, de contrebande ou de blanchiment d’argent. Auparavant, les pouvoirs publics devaient s’assurer de la solvabilité des souscripteurs à la banque. C’est ce qui prouve, selon le témoin, l’implication de l’ancien Gouverneur de la Banque d’Algérie, Keramane actuellement en fuite à l’étranger et dont le nom figure sur la liste des inculpés dans cette affaire. Il a de même estimé que les zones d’ombre ayant entouré l’octroi de l’agrément constituent un crime. Il a déclaré, d’autre part, comprendre que cela avait peut-être trait à la conjoncture vécue par le pays pendant cette période. Dans son intervention, la présidente du tribunal a déclaré que la loi demeure la loi et que les textes de loi ne sont subordonnés à aucune conjoncture, quelle qu’elle soit. En réponse à une autre question de Mme Brahimi, présidente du tribunal de criminel de Blida, à propos des rapports relatifs aux dépassements commis par la banque Khalifa, l’intervenant a reconnu que les documents trouvés sur son bureau, le jour de sa nomination en juin 2001, faisaient état de dépassements dans le commerce extérieur et la fuite colossale de sommes d’argent faramineuses en devises fortes vers l’étranger. Ceci démontrait bien qu’il y avait derrière tout cela une bande organisée spécialisée dans la fuite des capitaux. C’est, selon le témoin, ce qui a amené la Banque d’Algérie à geler et mettre fin aux transferts de capitaux de la banque incriminée vers l’étranger et d’interdire aux banques publiques et privées de vendre de la devise forte à la banque Khalifa afin d’empêcher ses responsables de faire fuir les capitaux. Le témoin signale que la direction centrale des grands risques relevant de la Banque d’Algérie a fait état dans l’un de ses rapports que la Banque Khalifa achetait de fortes sommes en devises auprès de la Banque d’Algérie et accordait des crédits injustifiés à ses démembrements à l’image de Khalifa Airways, Khalifa construction, Khalifa location de voitures… qui ne constituaient que des entités fantômes afin de faire passer ces crédits et faire tourner l’argent.
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