Algérie

Criminalité transnationale et défis de la mondialisation



L’Algérie otage de 4.000 organisations criminelles   Plus de 35% des investisseurs étrangers sont soudoyés en Algérie. C’est ce qu’a rapporté, hier, Abdelmalek Serrai, consultant international à l’Onu et à la Banque mondiale.   La déclaration a été faite lors d’une table ronde tenue au forum d’El Moudjahid avec la participation d’Ahmed Gharnaout, expert financier, et deux avocats bâtonniers, agréés près la cour suprême, Maîtres Chorfi et Mihoubi, sous le thème: «Criminalisation et mondialisation, quelles réponses aux nouveaux défis internationaux.» M. Serrai a souligné d’emblée que l’Algérie, malgré la décennie noire due au terrorisme, n’est pas concernée par la grande criminalité, en s’appuyant sur le rapport de Bill Clinton en 2000 qui a classé les principaux Etats criminels en citant, pour l’Afrique, le Maroc connu pour le cannabis et le Nigeria pour les détournements du pétrole et le trafic d’armes. Certes l’Algérie, souligne le conférencier, n’est pas classée par l’Onu parmi les pays à grande criminalité, seulement, il se trouve qu’après l’ouverture de notre commerce et la restructuration de l’économie depuis les années 90, «l’Algérie, située sur la rive sud de la Méditerranée, se retrouve otage de pas moins de 4.000 organisations criminelles qui agissent pour la plupart en Europe et emploient quelque 40.000 spécialistes en tous genres». Abdelmalek Serrai, qui dirige un important cabinet d’études, a balancé dans ce sens un fait anodin. «Mon intervention incessante dans la sphère financière, et les multiples transactions, a fait éviter des démissions et même de la prison aux P-dg de grandes entreprises nationales et même à des ministres», sans bien sûr citer de noms. A ce titre, il a tiré la sonnette d’alarme quant aux menaces répétitives de faux investisseurs et de faux financiers. Par ailleurs, il a tenu à signaler –en se basant sur un rapport du FMI et de la BM- qu’un peu plus de 35% d’investisseurs étrangers ont subi des pressions diverses afin de verser des pots de vin. Même les opérateurs privés nationaux, explique-t-il, à défaut de moyens et d’être accompagnés par des experts financiers, tombent dans le piège et subissent de plein fouet les attaques des escrocs de tout acabit et des bandes criminelles, notamment en ce qui concerne les faux contrats et transferts (transactions douteuses), les fausse factures et les fausses déclarations de marchandises qui alimentent chaque jour les circuits informels. Pour étayer ses propos, il a cité l’affaire El-Khalifa qui, à ses yeux, est une autre preuve de «non-gestion». Même si cette dernière sera, selon lui, positive pour l’Algérie dans la mesure où elle a démontré d’une façon très éclatante la fébrilité du pays qui vient de sortir, après un lourd tribut, de la décennie noire, sans pour autant omettre de souligner qu’il est aussi question d’interférences politiques, notamment dans les scandales bancaires. De son côté, Me Mihoub Mihoubi, a posé une importante problématique en s’interrogeant sur ce qu’on pourrait opposer comme moyens de défense aux nouvelles menaces de la criminalité. Sa réponse est crue. «L’Algérie, mal préparée, n’a pas de culture économique ni même juridique qui la protègerait des invasions de la mondialisation, ainsi que des escrocs et des aventuriers qui investissent le monde économique», dira-t-il à ce propos en soulignant que «le constat est vite fait». «Une économie de bazar où nos rues sont devenues, comme par fatalité, de véritables étalages. Une absence de projets structurants et une stratégie industrielle qui tarde à venir», explique-t-il en estimant qu’aucun acteur économique ne consulte les juristes, faute de moyens et de visions claires, pour se prémunir contre les criminels de la délinquance financière, ni s’entourer de conseils avisés avant d’engager des transactions. «De plus, dira-t-il, notre pays, très vaste en superficie, avec sept Etats frontaliers, est difficile à contrôler.» Il est à ses yeux vulnérable et nécessite donc une logistique humaine et matérielle des plus importantes. Pour sa part, Me Chorfi tiendra les mêmes propos, estimant que «l’Algérie subit les contrecoups de la mondialisation qui a engendré le terrorisme et la corruption». «L’affaire El-Khalifa est une forme de criminalité moderne», dira-t-il en appelant à mettre scrupuleusement en application «les garde-fous nécessaires et les parades à même de stopper ces criminels». A ce propos, il rappellera que «le pays est prolifique en textes juridiques et dispose d’un arsenal juridique des plus modernes, après la mise en place de la loi sur le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme, en plus des différents accords de coopération que l’Algérie a signés depuis des années avec d’autres pays». Enfin, l’expert financier, M. Gharnaout, s’est demandé à qui profitera la disparition des banques privées nationales sinon à d’autres étrangères. Il s’est interrogé, également, sur quelle base on empêche la construction de groupements privés au détriment de ceux publics, alors qu’on s’attache à lancer une stratégie industrielle et à fonctionner avec un esprit des années 70, en soulignant que «dans d’autres pays émergents, à l’instar de l’Inde ou du Brésil, les groupements privés sont la data de l’économie».



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