Algérie

Caméra angle opposé



Maliki première victime de Saddam Vivant, Saddam n’a pas donné de répit à ses ennemis Irakiens et Américains. Mort, son fantôme hante Baghdad. Nouri El Maliki, certes, mais également tous les Irakiens qui se sont impliqués dans cet assassinat odieux. Non contents de l’humilier et de le traîner dans la boue, quand il était encore en vie, le pouvoir «démocratique» mis en place par Washington n’a pas pu résister à la tentation vengeresse de le tuer en organisant un meurtre en direct sous couvert d’un procès que les capitales occidentales, vassales de l’Amérique, se sont empressées de qualifier de «juste et équitable». Les nouveaux démocrates irakiens, qui manquent sans doute de pratique dans cette technologie importée, pensaient humilier Saddam quand il montera sur l’échafaud. C’est pour cette raison, sans doute, qu’ils ont organisé cette fuite sur la vidéo qui montre toutes les phases de la pendaison.El Maliki et Bush pensaient que le dictateur, qui avait envoyé des centaines de personnes à la potence, se dégonflerait et offrirait un spectacle fait de peur et d’appel à la pitié qui achèvera de ternir son image et contribuera à effacer son nom de la mémoire des Irakiens. Car il existe beaucoup d’Irakiens (autres que Sunnites) qui pensent que Saddam est toujours leur président et qu’il restera leur guide dans la résistance contre l’envahisseur américain. Mauvais calcul. Et en dépit du fait que le décor a été digne d’un montage hollywoodien (la potence avec un nœud anormalement gros pour impressionner, l’aube, une caserne des renseignements militaires et un quartier chiite), Saddam -entouré de bourreaux encagoulés- s’avance dignement et refuse la cagoule. Il veut regarder la mort en face. Il ne montre aucune émotion, et est incroyablement calme. En bon musulman, et ignorant les insultes, il récite la chahada. Il se grandit, d’un coup, aux yeux des millions de téléspectateurs qui l’assimilent à un martyr. Non, il ne peut pas s’agir du criminel que le monde a tenté de décrire pour justifier l’invasion, la destruction de l’Irak puis la souillure de l’Islam, par le choix du moment de l’exécution d’une sentence inique. L’instant immortalisé par une caméra pirate a fait basculer l’opinion. Il fallait faire vite pour réparer cette grosse erreur. Le gouvernement «ordonne» une enquête et la chaîne de télévision Al Forat annonce que Saddam a tremblé de peur, refusé de rejoindre le lieu d’exécution et qu’il a été pris de tremblements. Des propos que personne ne peut vérifier. Trop tard. Le bourreau s’est transformé en victime et les justiciers en assassins. La caméra qui devait montrer le vrai visage du dictateur a montré qui étaient les dictateurs. Car il y en a beaucoup dans ce Baghdad qui ne ressemblera plus jamais à cette ville des mille et une nuits féeriques mais qui en est à ses (plus de) mille et une nuits d’horreurs et de morts. Saddam continuera de faire des victimes. Personne ne pourra le juger pour cela. Personne ne pourra le pendre, non plus. On ne juge pas un fantôme et on ne le pend pas non plus. Parce que bien qu’il n’existe que dans les consciences, un fantôme fait peur. Sa première victime est El Maliki qui a signé l’ordre d’exécution et qui refuse d’ores et déjà, un second mandat. Mais est-ce le chef de gouvernement qui a refusé ou seraient-ce les Américains qui désirent se défaire d’un encombrant fantoche de service, et d’un vulgaire bourreau, pour tenter de redorer leur blason auprès des Sunnites?



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