Algérie

20 avril 1980 - 20 avril 2007



Quand Tamazight déboulait sur la scène nationale 20 avril 1980-20 avril 2007, vingt-sept ans après le printemps amazigh que devient la question identitaire? Le 20 avril 1980, tout a commencé avec l’interdiction d’une banale conférence de Mouloud Mammeri sur les poètes kabyles anciens et que les autorités de l’époque avaient tout simplement interdite. Une décision des plus malheureuse et in-compréhensible et qui devait mettre le feu aux poudres. Les étudiants du campus sortent dans la rue et crient leur ras-le-bol devant ces décisions absurdes. Cette sortie est ensuite relayée par les populations qui exprimaient ainsi leur solidarité et leur rejet du parti unique. Durant des semaines, la région était devenue un véritable théâtre d’affrontements souvent très durs. Dans les villes, les villages et jusque dans les hameaux les plus isolés tamazight revivait! Le fait est que l’idée de la récupération du patrimoine culturel et notamment de la langue et de la culture amazighes était l’une des demandes qui, depuis les temps immémoriaux, occupait les esprits tant au niveau de l’émigration que dans les milieux aussi bien universitaires que juvéniles. En ce mois du souvenir, il est bon de rappeler à tous que les manifestants du printemps amazigh avaient milité pour Tamazight et l’arabe algérien mais aussi et surtout pour la démocratie. Les printemps qui ont suivi, et ce, pratiquement jusqu’à 1989, les exigences étaient restées les mêmes et contrairement à ce qui s’était colporté ici et là, l’unité de la nation n’avait jamais été remise en question! Pour revenir au printemps 1980, il est bon de souligner qu’il a vu naître un grand mouvement transpartisan ouvert à la modernité: le Mouvement Culturel Berbère ou MCB originel. Ce mouvement, et malgré la répression, a su et pu dépasser les écueils et rassembler sous son aile les diverses tendances luttant pour la démocratie et toutes les libertés. D’année en année, les luttes qui se sont intensifiées pacifiquement ont traduit sur le terrain et notamment sur la scène partisane l’idée amazighe. Tamazight a fait des pas de géant et aujourd’hui il se voit un fait constitutionnel. Rencontrés à Tizi-Ouzou, d’anciens animateurs du MCB originel diront «Nous ne revendiquons surtout pas une certaine ancienneté ou quelques honneurs ou encore des prébendes, mais ce que nous voyons est quand même triste! On cherche à faire «fructifier» son parcours de militant du combat démocratique alors qu’hier... Bref, il est temps de réagir sinon tout cela sera dévoyé!» Un autre explique quant à lui que ce qui se passe aujourd’hui sur le front de la culture est tout de même acceptable mais Tamazight et la culture en général doivent être tenues éloignées de la manipulation politicienne. Enfin, le plus âgé dira que tout de même il faut peut-être souligner que malgré tout ce qui se passait à l’époque, les gens n’avaient jamais versé dans la violence! Aujourd’hui, vingt-sept ans plus tard, les avancées sont palpables, on enseigne bien Tamazight dans les écoles de la République, un Haut commissariat pour Tamazight existe et des formations supérieures sont assurées dans les universités. Il reste certes que les militants culturalistes demandent pour cette langue son officialisation, mais le combat qui reste, et c’est semble-t-il le plus important, est celui de sa promotion, ce combat ne saurait se mener que dans les institutions académiques idoines. La Kabylie qui est à la pointe des combats tant pour Tamazight que pour la démocratie, a subi récemment une violente tempête que d’aucuns ont appelé le printemps noir. Une colère qui a emporté avec elle plusieurs jeunes et qui a laissé beaucoup de traces tant dans les corps que dans les esprits. Un printemps que beaucoup récusent et qui a été une sorte de cauchemar pour la région. Mais aujourd’hui la région exsangue, usée et fatiguée, n’aspire plus qu’à un peu de paix et de tranquillité. Aussi, les citoyens qui se préparent à commémorer avril 1980 veulent le faire dans une atmosphère faite toute de recueillement et de sérénité. Demain, la Kabylie entière s’arrêtera un instant pour se remémorer les grandes dates et se souvenir d’un passé où les luttes ne se conjuguaient jamais avec la violence!
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