Biskra - 08- La guerre de libération

50 ans apres, tifelfel attend toujours



50 ans apres, tifelfel attend toujours
Dans la localité qui a vu partir le premier «coup de feu» de la guerre de Libération, les habitants se demandent aujourd'hui à quoi ont servi les sacrifices des moudjahidine '
«Nous ne sommes plus dominés par un autre peuple, mais pour moi, avec le chômage qui persiste, cette indépendance est complètement ratée.» A l'évocation du cinquantenaire de l'indépendance, Bilal, 26 ans, sans travail, se pose les mêmes questions que tous les jeunes de sa bourgade historique, Tifelfel. Nous sommes dans la commune de T'kout, sur l'axe Arris-Biskra où montagnes et palmeraies annoncent déjà le Sahara. C'est ici, du côté des gorges de Tighanimine, que les époux Monnerot, instituteurs à Tifelfel et Hadj Sadok ont été tués dans une attaque considérée comme le déclenchement de la guerre de Libération. Tifelfel a été, comme le signale Ali, 46 ans, «une pépinière de moudjahidine, dont beaucoup maintenant ne sont plus de ce monde. Ceux qui vivent encore n'espèrent qu'une chose, que les Algériennes et les Algériens vivent mieux, c'est ce pourquoi, ils se sont battus, ont mis de côté leur jeunesse. Regardez-les, maintenant, nous dit-il en désignant un groupe de personnes âgées, ils sont usés et fatigués. Ce qu'ils ont fait entre 1954 et 1962 n'a rien donné».
Sur cette terre, l'histoire reste vivace. «Je suis né en 1957, en pleine guerre de Libération nationale. Mon père, Brahim Bensiamar, est mort sur le champ d'honneur, alors que je n'étais qu'un bébé, confie Hamid dit Bouchelaghem. Mon père avait été emprisonné par les Français, en raison de ses positions nationalistes. A sa sortie de prison, il a vite rejoint les forces de l'ALN. En tant que fils de chahid, je n'ai eu aucune compensation de la part de l'Etat algérien. Bien plus, ma maison familiale a des impacts de balle de la part des forces coloniales. Cette guerre de Libération a été une lutte commune des hommes, comme des femmes contre les forces d'occupation. Ils se sont serrés les coudes, particulièrement ici à Tifelfel ou même à Ghoufi.
Le jour de l'indépendance, j'avais 5 ans, je m'en souviens comme si c'était hier. L'ALN est descendue dans notre village. C'était une fête géante où les hommes et les femmes dansaient et chantaient ensemble.» Malgré l'arrivée de l'électricité, de nouvelles maisons ou les passages d'autocars assurant les liaisons Arris-Biskra et Khenchela-Biskra, Tifelfel reste figée. «S'il n'y avait pas de transport, nous serions coupés du monde», soupire une femme rencontrée à l'intersection de T'kout. Sa grand-mère, tatouée et enveloppée dans des foulards bariolés, enchaîne en chaoui : «Cet endroit est sacré ! L'Etat algérien aurait dû le mettre davantage en valeur. Cinquante ans après, la misère est toujours existante. Parfois, j'ai l'impression que nos martyrs ont fait tout ça pour rien. Allah yrhamhem. Mais qu'attend Bouteflika pour venir ici voir ' Pourquoi n'a-t-il pas daigné faire un déplacement sur les lieux mêmes qui ont permis à notre pays de sortir de la nuit coloniale ' Pourquoi '»
Ali, «travailleur temporaire», comme il aime se définir lui-même, prend en exemple la condition des femmes chaouias, «toujours la même 50 ans après. Pour moi, l'indépendance c'est quoi ' Pas celle que nous avons maintenant, en tout cas». El Hadj Mohamed, né en 1942, raconte avoir «vécu la misère. Le jour de l'indépendance, c'est vrai, nous étions heureux. Cinquante ans après, j'ai comme l'impression d'avoir vécu un rêve. Nous avons réussi à chasser le colonialisme, mais nous n'avons pas réussi à éradiquer la hogra. La situation est plus critique que pendant la présence française. Nos jeunes ne travaillent pas. Nous n'avons pas fait cette guerre pour en arriver là ! J'aime mon pays. Cette terre, celle de nos ancêtres est une fleur'»
Mr Prou, merci pour ce commentaire, on aimerait vraiment recueillir un maximum d'informations sur votre parcours en Algérie. Pourriez vous nous en faire part? ce site est ouvert à tous, soyez en le bienvenu. Amitiés, Hichem.
Hichem - Webmaster - Tlemcen, Algérie

25/08/2012 - 38475

Commentaires

Trés touché par cet article Moi aussi 50 ans aprés, j'ai toujours Tifelfel en souvenir. (Un) des dernier militaire a quitter Tifelfel le 12 avril 1962 A créé un site avec mes bons souvenirs de village http://marienoelyvonpriouforcelocale19mars1962.e.monsite.com
Priou yvon - retraité - 86580, France

25/08/2012 - 38465

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