Batna - Précarité

Vendeurs ou mendiants '


Harcèlement - Ceux qui achètent sont remerciés, mais ceux qui refusent sont traités de tous les noms !


Lors de notre sortie à Batna nous avons vu, sur une place publique, à proximité de la faculté de droit et de sciences politiques, certains bouquinistes, un enfant qui ne dépasse pas 15 ans vend des mouchoirs en papier et des paquets de chewing-gums.


Ce qui est étonnant chez ce dernier, c'est sa manière un peu insolite de proposer ses produits. Il n'abandonne jamais, il insiste et supplie les passants d'acheter, allant jusqu'à les harceler parfois.


Il remercie ceux qui achètent, mais traite de tous les noms les autres ! Mais, il préfère surtout s'adresser à la gent féminine. Alors, on l'entend remercier les filles qui achètent chez lui ainsi : «Lah yaatik mattmanaye oukhti» (Dieu te bénisse et réalise tout ce dont tu rêves) ou la fameuse «Lah yzawdjek oukhti» (Que Dieu t'aide à te marier). Mais à celles qui n'achètent pas, il leur lancera à la figure toutes les méchancetés. «Netmanalek tatzawadji bchaib», (Je te souhaite un mari vieux), ou «Raki bachaa waadjouz» (Tu es moche et vieille). Il faut se mettre à la place de ces jeunes filles qui subissent un tel harcèlement pour sentir le mal que leur font de telles injures et méchancetés gratuites. Non loin de là, à un arrêt de bus, un étudiant qui se rend à El-Maadher une localité distante de 17 km environ du chef-lieu de la wilaya, nous raconte : «Il y a des enfants qui se déplacent en empruntant les bus d'étudiants et prennent leurs places à bord. Parfois ils vendent des chewing-gums et des mouchoirs en papier, mais cela n'est qu'un prétexte pour mendier.» Samia, elle aussi, étudiante ajoute : «L'exploitation des enfants dans la mendicité ne cesse de prendre de l'ampleur, je me souviens il y a une quinzaine de jours je rentrais à la maison quand un enfant s'est approché de moi en m'interpellant : ''Ma s'ur donnez-moi s'il vous plaît 10 DA, j'en ai vraiment besoin.'' Je lui ai donné ce qu'il m'a demandé. Cependant, j'étais très curieuse car l'enfant portait une blouse et un cartable, il était scolarisé au pallier primaire. Je lui ai demandé pourquoi il mendiait et si ses parents ne lui donnaient pas d'argent.


L'enfant a hésité un instant avant de me répondre : C'est ma mère qui me demande de faire ça, car elle est divorcée et nous sommes cinq à la maison, mon frère aîné est handicapé et ne peut pas travailler, nous avons loué une ancienne maison et nous ne pouvons pas payer le loyer, c'est pour cette raison que mes frères et moi faisons cela, une réponse qui m'a coupé le souffle et qui m'a rendue triste pour cet enfant dont l'innocence emplit les yeux», regrette notre interlocutrice.



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