Algérie

Vu du néant maghrébin...



Que faut-il retenir le plus dans le soutien exprimé jeudipar les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles au projet d'Union pourla Méditerranéedéfendu par le président français ? Est-ce le fait qu'il ait été trèssubstantiellement révisé pour ne devenir qu'un retour vers le décevantprocessus de Barcelone ?Dès lors qu'un bras de fer a opposé Paris à Berlin sur lesujet, il était inévitable que l'on cherche à déterminer le perdant du gagnant.A l'aune du projet initial, la France a indéniablement reculé. Le recadrage est sévère: pasquestion d'un tête-à-tête entre «Méditerranéens» du Nord et du Sud, pasquestion d'une nouvelle structure. Retour pur et simple à ce qui existe, quitteà le faire revitaliser. Soit, c'est juste. Mais ne faut-il pas retenir danscette affaire le fait que l'Europe est une réalité forte, que même un Etat dupoids de la Francene peut plus se permettre de la contourner et jouer une partie en solo ?Vu du néant maghrébin, ce n'est pas l'échec présumé deNicolas Sarkozy qui est le plus évident, mais le fait qu'il ne peut se passerde l'Europe. Ses idées, mêmes novatrices, deviennent caduques si elles oublientle postulat qu'elles doivent être celles de l'Europe. Ce n'est pas l'expressiond'une perte de souveraineté nationale, mais celle de l'émergence d'unesouveraineté plus large, née des obligations librement acceptées carmutuellement profitables. L'Europe a corrigé Sarkozy car elle le suspectaitd'essayer de jouer la Francesans l'Europe.Le plus intéressant est que le président français a admisen définitive que son idée ne pouvait vivre sans l'aval de l'Europe. C'estcette nouvelle réalité européenne, même si elle n'est pas exempte de calculs«nationaux», qui est intéressante pour nous Maghrébins. A plus forte raisonquand elle se manifeste sur un projet qui nous concerne directement.La comparaison est d'une affligeante tristesse. Aucune idéene semble poindre au Maghreb, hormis de rappeler «le projet maghrébin» dans leséchanges de lettres protocolaires qui se dupliquent, au mot près, d'année enannée. Même les journaux des pays d'Afrique du Nord, là où une marge relatived'expression existe, ne parlent pratiquement plus duMaghreb. Comme si de guerre lasse, on a définitivement renoncé et qu'on attendqu'on soit unifiés, malgré nous, par la force d'entraînement de l'économieeuropéenne à laquelle chaque pays est associé à «titre individuel».Si l'on recense les déclarations officielles les plusincitatives à la construction du Maghreb au cours de ces derniers mois, ondécouvrira, sans surprise, qu'elles sont le fait de responsables européens. M. MiguelAngel Moratinos en parle en effet avec plus d'entrainque les ministres maghrébins. Quand donc parle-t-on de Maghreb au Maghreb, làoù l'on a presque oublié que l'UMA (Union du Maghrebarabe) existe ? Uniquement dans les interminables polémiques entre la pressed'ici et du Maroc sur le Sahara Occidental. C'est tragiquement triste.Et c'est pour cela qu'en Maghrébins, on peut dire que jeudidernier à Bruxelles, on n'a pas assisté à l'échec de Sarkozy, mais à unedémonstration éclatante de la réalité de l'Europe. C'est le moins que l'onpuisse voir de notre néant maghrébin...
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