Algérie

Valeurs et finalités



Valeurs et finalités L’univers témoigne de la Présence divine et en cela la dimension sacrée est omniprésente. La méditation portée sur le monde ramène l’homme à son destin, au sens de sa vie : il devra rendre compte. Le monde rappelle la Présence de Dieu et Sa Présence confirme ma responsabilité. Comprendre le sacré, c’est, de fait, appréhender de l’intérieur l’univers de la responsabilité humaine : les signes sont à portée des cœurs et des intelligences. C’est dans cet univers que doit se mouvoir la raison. Rien ne l’empêche d’aller de l’avant, de comprendre, d’analyser et de pousser toujours plus loin la recherche. Rien, si ce n’est cet impératif de toujours respecter l’équilibre des signes et l’harmonie de la nature. Si notre univers est un univers de signes, alors l’ordre de la nature, témoignage de la création, est sacré et l’on ne peut s’en approcher sans humilité. Cette conception du monde a une influence directe sur l’exercice de la recherche scientifique : comme toute action humaine, elle doit respecter une morale, un sens, des limites. Malgré les influences occidentales, la culture islamique est toujours nourrie par ses références sacrées et l’ensemble de sa conception de la «rationalité» s’inscrit dans cette perception globale, totalisante. Il n’existe pas de raison qui soit autonome au point de n’avoir d’objectif que d’ «avancer» quel qu’en soit le prix. Sa liberté est dans l’harmonie : respecter la création, la nature, les hommes et les animaux et chercher le meilleur pour le bien des hommes. Telle est la responsabilité des hommes dans un univers où il ne s’est jamais opéré de «désenchantement» : Dieu l’a fait sacré, comme la vie, et il le demeure jusqu’à la fin des temps. Tout autre considération serait inhumaine. Tels sont les enseignements fondamentaux du tawhîd- l’Unicité de Dieu- et telles sont les conséquences de la rabbâniyya sur le plan culturel. On pourra être surpris, en Occident, d’entendre et de constater que le monde musulman se nourrit encore aux sources vives d’un monothéisme exigeant qui influence quotidiennement l’être au monde des fidèles au-delà même de la pratique concrète de leur religion. Certains aimeraient que l’islam «progresse» et se «sécularise» par une véritable analyse «critique» de ses références. Il semble clair pourtant que l’univers islamique n’est pas réductible à ces catégories : ni le progrès, ni la critique ne sont refusés mais ce qui est fondamentalement contesté, c’est que ce soit la raison seule qui détermine la norme et fixe le bien sans finalité transcendante. L’Occident a eu besoin de cette «révolution» pour accéder à la liberté de croire, d’agir et de chercher ; la civilisation islamique n’a rien connu de tel de par la nature de son message qui a encouragé chaque fidèle, nourri par la mémoire du sens et des finalités, à comprendre, à expérimenter et à savoir. La science, dès lors qu’elle témoigne de la présence attentive des consciences, est sacrée. Elle n’est point un défi au Créateur, elle est le moyen de sa révélation continuée. Dieu ne craint point les tentations prométhéennes de la raison humaine; Il ne cesse plutôt de les avertir de l’errance des amnésies. C’est le souvenir du tawhîd: le chemin de la source, au travers de l’histoire des hommes et des prophètes, est dans le rappel du lien avec la Transcendance. Ainsi naissent les horizons de la spiritualité, les exigences de l’éthique et l’expression du sens et des finalités. Dr Tariq Ramadan



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