Algérie

Une chanson, une histoire : Tcnam ghef Zzin-iw (Vous avez chanté ma beauté) Culture : les autres articles



Une chanson, une histoire : Tcnam ghef Zzin-iw (Vous avez chanté ma beauté)                                    Culture : les autres articles
Jamais une chanson n'a été aussi emblématique. Ecrite il y a plus de quarante ans, elle sonne encore, voire encore plus juste.
Malheureusement. Ben Mohamed, par la voix de Nouara, fait le réquisitoire des traditions et de la politique. Dans les années 1970, l'Algérie vivait sous l'ère de Big Brother. Houari Boumédiène avait instauré un régime de terreur sous couvert de socialisme spécifique. Quelques années auparavant, son complice et allié, Ahmed Ben Bella, demandait aux femmes de déposer les fusils après l'indépendance, et de retourner aux fourneaux. Les Taleb Brahimi et consorts faisaient main basse sur l'éducation. A l'époque, les islamistes s'appelaient encore conservateurs. C'est dans ce contexte de trahison, de reniement et déjà d'injustice que Big Ben accouche courageusement de Tecnam ghef zzin iw (Vous avez chanté ma beauté).
Avec Nouara, le féminisme tient enfin sa voix. Le texte, avec beaucoup de finesse et de subtilité, questionne société et Etat. Que sommes-nous devenus ' De l'indépendance qu'avons-nous fait ' Ben Mohammed nous dit qu'en méprisant la femme, qu'en laissant les politiques pratiquer cette discrimination, nous nous faisons complices d'un crime, qui tôt ou tard, exigera de nous des comptes. En nous fourvoyant, nous nous sommes avilis. Comment naît une chanson ' Il n'y a pas de recette unique. On écoute Ben : «Cela faisait des années que j'étais révolté par l'oppression que subissent les femmes. Je ne supporte pas la loi du plus fort, c'est aussi valable pour les minorités, les opposants, etc. Mais la femme est le symbole même de cette injustice. Les exclus ont leurs exclus, et la femme est la plus marginalisée, humiliée, méprisée. Cette chanson est un cri du c'ur, de révolte.
Une société qui opprime la femme est une société qui développe, à tous les niveaux et dans tous ses rapports, toutes les autres formes d'oppression. Un soir de 1971, je me suis endormi normalement, tôt, car je devais accompagner le lendemain Nouara à Bouira pour un concert. Au milieu de la nuit, je me suis réveillé brutalement, j'ai écrit cette chanson en deux heures, puis je me suis rendormi. Dans la voiture, j'ai tendu le texte à Nouara qui se l'est appropriée de suite. Et d'une façon magistrale.»


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)