Un parcours scolaire exemplaire

Impuissance n «Malgré tous nos efforts, même si l'école leur offre le maximum de ce qu'elle a comme moyens, cela reste insuffisant et ils développent un sentiment d'isolement et de manque de confiance en soi».Le parcours scolaire, qui est un long périple semé d'embûches pour ces enfants de la lune qui ne peuvent même pas parcourir le chemin qui les sépare de l'école à pied, est couronné de succès? malgré les difficultés. Sarah et Yanis ont su relever le défi grâce à l'engagement sans faille du directeur du CEM Boukerci Hocine, où ils sont actuellement scolarisés, de l'association des parents d'élèves de cet établissement et de la fédération de Tizi Ouzou.En effet, ces enfants, qui avaient suivi leur scolarité du cycle primaire à domicile avec trois enseignants d'arabe, français et tamazight, sont aujourd'hui dans une classe spécialement aménagée au CEM Boukerci Hocine, et après avoir obtenu l'examen de 5e avec brio. Un véhicule aménagé avec des rideaux épais a également été affecté par la direction de l'éducation locale au profit de ces deux enfants. Car il faut dire que l'enseignement à domicile, réservé aux enfants hospitalisés et malades chroniques, ne peut en aucun cas dépasser le cycle primaire, et on ne peut pas faire déplacer 12 enseignants à domicile après la 5e. «Une classe bien spacieuse a été aménagée pour Yanis et Sarah, avec des rideaux bien épais, et même du contreplaqué derrière les vitres suite à la demande de la maman», nous dira Mme Si Mehend, qui ajoutera d'ailleurs?: «Ces enfants poursuivent une scolarité ordinaire, bien que l'enseignement soit spécifique et individualisé, ce qui fait qu'ils sont parmi les meilleurs. On leur apporte même leur déjeuner au niveau de la salle d'étude, où ils reçoivent leurs amis au moment de la récréation et du déjeuner pour ne pas les isoler et afin de leur permettre d'évoluer dans des conditions favorables.» ?«Nous leur prodiguons également des soins psychologiques particuliers, plus ils grandissent, plus leurs besoins psychologiques progressent en raison de leur âge, l'adolescence, et de leur maladie», dira-t-elle encore et d'ajouter : «Malgré tous nos efforts, même si l'école leur offre le maximum de ce qu'elle a comme moyens, cela reste insuffisant et quel que soit l'accompagnement, ils développent un sentiment d'isolement et de manque de confiance en soi.»Aujourd'hui, ces deux enfants sont parmi les meilleurs de l'établissement, la moyenne de Sarah qui est en 2e année moyenne et Yanis en 1re?année, étant donné que Sarah a perdu une année d'étude en raison de sa santé, avoisine les 15/20. Les parents ont d'ailleurs tenu à remercier M. El Hadj Brahim pour tous ses efforts pour assurer la scolarité de leur progéniture dans de bonnes conditions.D.ILa musique exutoirel Yanis et Sarah, tout comme les enfants de leur âge, adorent la musique. En kabyle, arabe, français et même en anglais, ces jeunes gens entonnent?des chants à longueur de journée, à tel point qu'ils ont modifié les paroles d'une chanson kabyle de Said Youcef intitulée «C'est pas facile». Yanis, essayant tant bien que mal de vaincre sa timidité, a réussi à entonner les paroles de cette chanson avec sa voix mélodieuse, que lui et sa s?ur, ont modifiée pour exprimer leur situation. «Ah, c'est pas facile yak tezridh ahlil yexâr ad inigh tidett, lemoukh ikherbas lekil, tecriktiw nek?tiziri», textuellement (ce n'est pas facile de dire la vérité, j'ai perdu les pédales, ma compagne à moi c'est la lune).Yanis nous chantera également une chanson dont nous vous apportons quelques bribes?:«On écrit sur les murs,Les murs de ceux qu'on aime,Des messages pour les jours à venir,On écrit sur les murs à l'encre de nouvelles,On dessine tout ce que l'on voudrait dire,Dans la nuit tout s'efface?..»