Un bois dans la ville

Un bois dans la ville Ceux qui circulent à travers la ville d’Oran n’ont certainement pas manqué de remarquer ce bouquet d’arbres qui longe la route du port, juste à son intersection avec la bifurcation qui descend de la rue Max Marchand. C’est malheureux de ne pas appeler une rue par son nom parce qu’elle n’en a pas ou qu’il n’y a pas de plaque pour l’indiquer. Ce petit bois apparaît presque comme insolite pour avoir échappé jusqu’à présent au béton. En exagérant un peu, on pourrait dire qu’il s’agit d’une petite forêt avec des arbres bien debout comme par miracle dans un endroit qui semble oublié. Trop petit pour faire une promenade, trop excentré par rapport à la ville pour devenir un lieu de repos entre deux courses, trop incliné pour faire office de quoi que ce soit, les spécialistes doivent presser leurs méninges pour le valoriser afin qu’il échappe à la tentation du béton. Mais c’est peut-être toute la route du port, du Pont Zabana jusqu’au rond-point de la Cité Djamel Eddine qui aura besoin d’un bureau d’études, tant il reste des îlots d’espace parfois escarpés et surtout abandonnés aux herbes sauvages. En attendant, un coup de balai serait le bienvenu, mais de grâce ne le «bétonnant» pas. Ne serait-ce que pour rappeler aux jeunes générations et même à l’actuelle, qu’Oran, avant de devenir cette métropole qu’on connaît aujourd’hui, était un plateau sillonné de vallées profondes aux eaux plus douces que les fruits des figuiers et des grenadiers qui les boisaient. Ce ne sera pas évidemment le Bois de Boulogne, mais juste une petite tache verte pour faire contrepoids aux poids lourds qui montent essoufflés du port avec leur échappement qui vieillissent tout jusqu’à l’asphalte. Le plus grand luxe que pourrait se permettre une ville, c’est aussi avoir en son sein quelques petits bois. Surtout quand ils ne sont que petits.