Algérie

Un Américain born-again en Israël


L'enjeu est pétrolier, le temps est religieux: Saddam a étépendu le jour du sacrifice du mouton et, demain, le monde d'Allah fêtera lanaissance du Prophète le jour même où les Américains fêteront la mort de l'Irakil y a cinq ans. En cinq ans donc, les Américains et les musulmans ont toutfait : les uns pour sauver leur images, les autres pour en avoir une. Pourtant,il suffit de rien, pour que les deux ne semblent avoir rien fait.A la veille des deux anniversaires, le candidat républicainUs, McCaïn, que les habitants de la planète d'Allahregardent de loin comme un produit dérivé du Bushismede l'époque, s'est rendu en Israël et en Jordanie, comme pour faire adopter unprogramme est une candidature. Le geste, celui d'un seul Américain, suffirapour conclure à une sorte de pèlerinage qui vient confirmer la vision desArabes et du musulman sur une alliance organique entre les Etats-Unis et Israël.L'Amérique pourra répéter à satiété qu'elle vise un leadership équitable dansla région et dans le reste du monde, affirmer la quête d'une solution pour la Palestine ou peser surles régimes locaux pour en réformer les dictatures productrices d'insécurité, ilsuffit d'un seul déplacement du genre pour donner une légitimité à cetteexplication simpliste du monde par l'Arabe et le musulman : l'Amérique est unemultinationale juive dont la télécommande se trouve à Tel-Aviv. Le resten'étant que complots, assassinats, massacres, vols, colonisations abusives etdiscours d'El-Hurra. De Hollywood à Wall street, de la chute deGrenade au 11 septembre.Lors de son pèlerinage, le candidat républicain Us a mêmerepris, avec de courtes phrases, le discours qui sied : «Je suis très inquietde l'influence de l'Iran en Irak et aussi son soutien au Hezbollah », il «soutient Jérusalem comme la capitale d'Israël » et les opérations israéliennescontre les tirs de roquettes, expliquant que « si des attaques de roquettesavaient lieu contre une région frontalière des Etats-Unis d'Amérique, le peupleaméricain exigerait probablement des actions très vigoureuses en guise deréplique».On pourrait s'arrêter à ce désastre, mais on pourrait yajouter cette maligne évidence que tout le monde cache lorsqu'on parle des couplesIsraël-Palestine : ceux qui en tirent bénéfice ontréussi, depuis le 11 septembre, à l'habiller avec une sorte de raccourci malin :le face-à-face entre les Israéliens et les Palestiniens est devenu une sorte deface-à-face entre l'Occident et les musulmans, et donc, entre la civilisationet la barbarie. Nulle part ailleurs dans ce monde, un conflit n'a été sommé, avecautant d'instances et de violences, de prendre en charge une telle vision deconfrontation et un tel jeu de rôle abusif. D'où, tout le reste : Israël commeavant-poste militaire et démocratique face à la barbarie, ce pays comme déléguéet représentant d'un Occident entouré de toute part par des peuples violents etdes dictatures vicelardes, les Palestiniens comme exemple d'Arabes à repousserde plus en plus loin, sinon ils viennent se faire exploser dans vos écoles. Peuà peu, on a fait passer, chez les Arabes comme chez les Occidentaux, ce conflitsur un vol de terre et un massacre en guise de labours, en une sorte de dossierimpliquant toute l'humanité, ses sauvages comme ses civilisés. Du coup, oncomprend que chaque islamiste y investit ses discours comme s'il s'agissait desauver le monde et pourquoi chaque Américain, à la conquête du pouvoir, y va enpèlerinage pour bien annoncer sa mission sur terre.


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