Algérie

Tandis que le procès Khalifa boucle sa première semaine




Où sont passés les frères Keramane? Les deux frères Keramane, Abdelouahab, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, et Abdenour, ancien ministre de l’Industrie, ainsi que Yasmina Keramane ont effectivement quitté le territoire national, soit deux jours après l’ouverture du procès Khalifa. L’information, rapportée avant-hier par la presse française, se confirme de jour en jour. Trop de zones d’ombre entourent encore cette histoire de fuite à l’étranger, pour tenter d’apporter le moindre éclaircissement. Comment se fait-il que ces deux personnages, qui ont refusé de répondre à la convocation de la justice, sont-ils sortis du territoire sans qu’ils soient inquiétés ni par la police des frontières ni par les services de sécurité? N’est-il pas illogique que le tribunal de Blida, qui traite actuellement cette affaire, n’ait pas adressé un mandat d’interdiction de sortie du territoire national sachant pertinemment que ces deux «accusés» avaient refusé de répondre à la convocation du juge. Comment ces deux inculpés auraient-ils fait pour fuir l’Algérie sans qu’ils soient repérés? N’y aurait-il pas de complicité au niveau de certains services de contrôle? Sont-ils sortis par voie terrestre ou par voie aérienne? Si aujourd’hui, personne n’est en mesure d’apporter le moindre indice ou la moindre preuve tangible concernant leur fuite, il est clair que la justice algérienne, par la voie de son ministère, est tout à fait indiquée pour diligenter une enquête pour mettre toute la lumière sur cette sombre affaire et d’identifier parallèlement les vrais complices. En tout état de cause, la fuite à l’étranger de deux personnages importants dans le procès de Khalifa va inévitablement jeter une ombre sur le procès du siècle qui, de l’avis de nombreux observateurs, a commencé dans la transparence. Lors de l’instruction du dossier Khalifa par le tribunal de Chéraga, le magistrat instructeur avait, pour rappel, notifié à Abdelouahab Keramane, son accusation et a été inculpé pour «corruption, trafic d’influence, abus de confiance, constitution de groupe de malfaiteurs, participation à escroquerie et dissimulation». Ces chefs d’inculpation relèvent, dans les réquisitions du parquet, des articles 126, 128, 177, 176, 42, 376, 372 et 387 du code pénal. Le complément d’enquête demandé par le parquet avait saisi le juge instructeur en charge de l’affaire sur la base de «fortes présomptions à l’encontre de Abdelouahab Keramane». Il semblerait que ce dernier nommé avait présenté, à l’époque de l’instruction de cette affaire, des «garanties suffisantes de représentativité et sa disposition à collaborer avec la justice». Le juge d’instruction avait décidé de le laisser en liberté conditionnelle. Gouverneur de la Banque d’Algérie de 1992 jusqu’à l’année 2001, avant d’être désigné ministre délégué au Trésor et à la Réforme monétaire, Abdelouahab Keramane a déclaré à ces deux juges qu’il a accordé l’agrément à Khalifa Bank en date du 12 novembre 2001, conformément à la loi sur la monnaie et le crédit. Dans une autre déclaration au juge instructeur près le tribunal de Chéraga, il avait soutenu que le suivi de cette affaire «n’était pas dans ses prérogatives». Pour expliquer la fulgurante ascension du groupe Khalifa et l’ouverture rapide de plusieurs agences, l’ex-gouverneur a estimé que cela a eu lieu de façon légale vu que le système bancaire de la Banque d’Algérie se base sur le «contrôle a posteriori». Le retard mis par Khalifa Bank dans la présentation des bilans budgétaires et activités financières, Abdelouahab Keramane l’avait expliqué par le fait qu’il avait déjà quitté ses fonctions au sein de la Banque d’Algérie en 2001, renvoyant implicitement la balle à son successeur, Mohamed Leksaci. Les frères Keramane avaient, aussi, affirmé avoir donné toutes ces preuves aux juges chargés d’instruire l’affaire Khalifa. Au premier jour du procès, ils se sont distingués également par une déclaration publique publiée dans la presse en se démarquant du procès qu’ils ont qualifié de «simulacre de justice». Les Keramane, qui refusent d’être des «boucs émissaires», selon leurs dires, affirment qu’ils ont été mêlés à cette affaire pour des «considérations politiques». Leur nom a été, une nouvelle fois, évoqué au troisième jour du procès de Khalifa Bank. L’audience consacrée, entre autres, à l’audition de la secrétaire particulière et du bras droit de Abdelmoumen Rafik Khalifa s’est caractérisée par des «accusations» portées à l’encontre de Abdenour et Yasmine Keramane. Cette dernière a récusé tout ce qui a été dit à leur encontre, sans oublier de rappeler que tous les documents en leur possession ont été remis à temps au juge chargé de l’instruction de l’affaire. Concernant la somme d’argent «touchée» par Abdenour Keramane, fondateur de la revue spécialisée MED Energie, l’ancien directeur général de Sonelgaz et ancien ministre de l’Industrie a précisé que le virement de 22.867,35 euros de la compagnie Khalifa Airways, constitue le règlement d’une créance commerciale, c’est-à-dire une contrepartie de la livraison effective, reconnue par les services de la compagnie. Tous les documents afférents à cette relation commerciale, tels que les bons de commande, factures, bordereaux de transmission et accusés de réception, signés par les agents de Khalifa Airways, ont été versés au dossier de l’instruction.


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