Souffrage

Arrêtons d'insulter el-bled tous azimuts. Pour un rien. Toutes les sociétés se valent. Sauf qu'il y en a qui le disent tout haut et celles qui le cachent tout simplement. A propos du vote, une grosse tête disait: « Il n'y a que la grande distribution pour se permettre le luxe de rembourser tous ceux qui ne sont pas satisfaits. Aux rayons du suffrage universel, les souhaits pas exaucés et les rêves impossibles ne sont ni repris ni échangés. Les consommateurs déçus ont la possibilité de traverser la rue et de changer de commerçant. Les électeurs déçus, eux, traversent toute une législature sans pouvoir changer d'élus ». Mais là déjà, on est à l'intérieur d'une société structurée avec sa grande distribution et non ses souks. Fi douarna, on ne parle plus de suffrage. C'est de « souffrage » qu'il est question. Car, compartiment par compartiment, kheïma après kheïma, notre société-ghachi n'arrête pas d'être dynamitée par les affaires. Dès que tu te dis: « Ça y est, plus que cette khalota il n'y a plus rien, c'est un autre dossier aussi sale que les autres qui rejaillit au grand jour. Au point où le moins pessimiste dira: « Tous kif-kif, tous pourris !». Faut-il aller choisir un candidat parmi les vendus qui se croient loués seulement ? Ceux qui, tout simplement, ont été achetés ? Les rkhass récupérés en temps de solde ? Les honnêtes qui pensent pouvoir changer les choses et qui, en fin de mandat, bouffés par l'appareil, te diront: « Allah ghaleb, ya mon frère. La soussa était partout. Là où je touchais, c'était gangrené. Rien à faire... ». Ils étaient tellement honnêtes qu'ils n'ont rien dénoncé durant tout leur mandat. Ils n'ont pas démissionné. Mieux, ils ont tenté de se représenter pour un deuxième mandat mais... Juin, juillet, août, les mois passent et... C'est à qui cet immeuble ? Tiens tiens, une nouvelle grande surface... Il paraît qu'elle appartient à celui qui n'a pas pu faire bouger les choses, celui qui vécut un mandat durant dans le souffrage...