Algérie

Sommet Inde-Afrique Le premier pas de New Delhi


L'Inde a eu son sommet avec les Africains. La conférence s'est ouverte hier matin à New Delhi en présence des chefs d'Etat de l'Afrique du Sud, du Ghana, du Sénégal, du Congo, de Tanzanie, de l'Ouganda et du président de la Commission de l'Union africaine. Les autres pays invités parmi les 14 étaient représentés soit par leurs chefs de gouvernement respectifs, soit par leur ministre des Affaires étrangères. L'Algérie quant à elle a marqué sa présence par le représentant personnel du Président Bouteflika, Ahmed Ouyahia, et par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires africaines. La venue du chef de l'Etat algérien était certaine pour les autorités indiennes pour avoir été l'un des moteurs du NEPAD et dans la mesure où ses coéquipiers de l'Afrique du Sud et du Sénégal étaient présents. Le sommet devait prendre la journée d'hier et celle d'aujourd'hui et sera clôturé par une déclaration commune comportant une série de recommandations et une plate-forme générale de coopération entre l'Inde et l'Afrique. Le contenu de ces deux documents, dont le projet avait circulé hier, avait laissé planer quelques scepticismes quant à sa mise en pratique, tant son contenu était dense et ses perspectives ambitieuses. Par bien des aspects, le programme suggéré est alléchant et laisse entendre une politique de coopération voulue nouvelle et innovante par le gouvernement indien, puisqu'elle touche à tous les secteurs pour lesquels l'Inde se dit disposée à prendre en charge tous les aspects, y compris financiers. Les infrastructures, l'énergie, la santé, l'agriculture et la nouvelle technologie des communications seraient les éléments clés de cette vision, selon le Premier ministre indien, le Dr Manmohan Singh, présenté à Delhi comme le meilleur économiste de son pays. Mais à contre-courant des idées qui semblaient solidement fixées, c'est Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l'UA, qui a le mieux planté le décor: avec un discours de haut niveau, il a tenté de faire toucher du doigt, souvent avec brio, les chefs des délégations présents, la nécessité de s'éloigner des discours creux et d'éviter les esprits de confrontation, en soulignant que l'Afrique n'était en prise avec personne, sans doute en allusion aux vindictes prononcées çà et là contre la Chine. Sa sortie très diplomatique, mais voulue ferme, est apparue comme une prière pour tempérer les ardeurs et pour convoquer l'union. Aussi, quand le Premier ministre indien annonce la décision prise par son gouvernement à l'occasion de ce sommet de mettre en place un régime préférentiel en matière de taxes tarifaires pour les pays les moins développés, il s'agira de savoir à quels pays il fait allusion et quels seraient les paramètres permettant d'identifier en Afrique qui est plus développé qu'un autre. De même, quand il rectifie le montant des lignes de crédit ouvertes pour les cinq prochaines années, et dont on disait qu'il s'élevait à 10 milliards de dollars, alors qu'en fait il s'agirait de 5,4 milliards, donnés de façon bilatérale et aux communautés régionales économiques, le chef du gouvernement indien ne définit pas pour autant les conditions claires et pratiques de cette nouvelle largesse financière, ni les modalités de son ouverture. Il reste cependant incontestable que les autorités indiennes ont présenté des offres importantes et que le balle est dans le camp africain. A l'Inde, il faut reconnaître qu'elle a fait le premier pas. Chaque pays africain, à défaut d'une vision commune dans l'intérêt général, devra en mesurer la portée en fonction de ses propres intérêts et du champ de manoeuvre dont il dispose.


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