Algérie

SI HACHEMI ASSAD, COMMISSAIRE DU FESTIVAL DU FILM AMAZIGH : «Notre vocation est pédagogique»




Le Festival national du film amazigh, qui a élu désormais domicile à Tizi-Ouzou au bout d'une décennie d'itinérance, se tiendra dans sa 12e édition du 24 au 28 mars prochain.
La manifestation, qui a pris une aura telle que son staff organisateur s'est retrouvé face à un défi, c'en est un, celui de pérenniser un festival alors que la production cinématographique en langue amazighe est insignifiante, sera à l'occasion de cette nouvelle halte éclatée sur plusieurs localités de la wilaya de Tizi-ouzou, entre autres, Azeffoun, Larbaâ-Nath- Irathen, Ouacifs, Draâ-Ben-Khedda et Tizi-Rached. Son premier responsable, le sympathique et toujours disponible Si Hachemi Assad, a bien voulu nous entretenir de ce festival qui tient le «coup» et des nouveautés prévues à l'occasion de cette édition.
Le Soir d'Algérie :Vous venez d'arrêter les dates de déroulement de la 12e édition de votre festival avec un appel à participation...
Si Hachemi Assad : Effectivement, nous venons d'arrêter les échéances liées au lancement de l'appel à participation, et au déroulement de la manifestation, celle-ci étant prévue du 24 au 28 mars 2012, à Tizi-Ouzou. Après une mûre réflexion, nous avons décidé de rechausser nos crampons pour cette année encore, tout en sachant que la production cinématographique en langue amazighe n'est pas au top pour ne pas dire sans soutien exceptionnel ! Mais le challenge annuel, nous le respectons afin d'ancrer dans les esprits ce moment cinématographique majeur pour les professionnels et amateurs du 7e art. C'est d'ailleurs un de nos objectifs nobles, puisqu'il favorise l'encouragement de la création artistique par la promotion du cinéma d'expression amazighe et l'échange interculturel pour voir des images d'ici et d'ailleurs. Attendons l'échéance du mois de février pour avoir une idée sur la nouvelle production ! Il est clair que sans films on n'organisera pas le festival.
En dépit de ce constat, pensez-vous qu'il y aura une participation à la mesure de vos espérances '
Ecoutez, il ne vous échappe pas que notre festival table plus sur l'apport des autres cinématographies et activités périphériques pour compenser le déficit criant en films en tamazight, ceci d'une part. D'autre part, la vocation de notre festival est aussi pédagogique. Nous avons de tout temps organisé, parallèlement à la compétition, des sessions de formations au profit de catégories diverses de cinéphiles, allant des enfants aux jeunes réalisateurs en passant par des ateliers d'écriture… Une résidence d'écriture s'est même tenue dans la foulée de la 11e édition à Azzefoun. Entre deux éditions, comme vous le savez, le festival ne s'arrête pas de travailler ! A ce propos, on est, peut-être, le seul festival chez nous à mener des activités non-stop, tout au long de l'année… Rappelez-vous la session spéciale qu'on a organisée au profit des tenants de cinéclubs à l'échelle nationale à l'occasion d'un regroupement à Zéralda en mars 2009 et renouvelée en 2011 à Azeffoun. Quoi de nouveau à l'occasion de cette nouvelle édition ' L'édition 2012 sera aussi riche que les précédentes, même un peu plus riche, puisque nous aurons droit à une panoplie d'activités dont un «spécial amazighité d'ailleurs», avec, pour la première fois, des films du Niger, des îles Canaries, du Maroc bien sûr, de Tunisie… Une carte blanche sur le festival amérindien est aussi prévue avec une riche filmographie d'un réalisateur péruvien. Pour la compétition, la liste reste ouverte puisqu'on n'a pas encore arrêté l'appel à participation… Beaucoup d'autres nouveautés seront dévoilées dans les prochains jours…
Pourquoi ne pas songer à intégrer dans la manifestation les films adaptés, à plus forte raison qu'ils font vraiment fureur de par leur qualité et qu'ils travaillent dans la même principale direction que la vôtre, celle de la réhabilitation par l'image des langue et culture amazighes '
Le staff organisateur n'est pas contre, mais en même temps, je m'interroge : est-ce cela notre but en tant que festival ' Je suis tout à fait sensible à ce qui se fait dans ce domaine, puisque notre festival prévoit d'organiser, en marge de l'édition 2012, un spécial dédié aux films doublés ! Pour la promotion de la langue amazighe, pour la culture de l'image, je trouve que ce type de productions est d'un apport indéniable ! J'ai une grande admiration pour le travail accompli par les équipes qui s'investissent dans ce domaine : Samir Aït Belkacem, Smaïl Saïd El-Hadj, Mourad Bouchafa… pour ne citer que ceux-là. Toutefois, ça reste une autre vocation et ce n'est sûrement pas celle d'un festival de cinéma ! Nous devons aller aussi et essentiellement vers la création cinématographique dans son sens large !
Votre programme «les Samedis du film amazigh», organisé l'année dernière, semble marquer le pas…
Ecoutez, le jour où on disposera de notre propre salle, on fera dans la durée ! Pour le moment, nous nous réjouissons de la tenue et de la réussite de la première étape de cette manifestation intitulée les «Samedis du film amazigh» Le programme a eu lieu de mai à juin de l'année dernière. Le deuxième programme (octobre-décembre) n'a pas eu lieu et c'est dommage pour le public algérois. Désormais, la cinémathèque d'Alger n'est plus disponible pour nous chaque samedi. On trouvera certainement un autre lieu prochainement. Vous me donnez, du coup, l'occasion de vous rappeler notre spécificité, qui nous distingue des autres festivals, puisque, comme vous le faites remarquer, nous tenons aussi des activités entre deux éditions ! Ma vision d'un festival de cinéma consiste à mettre à la disposition d'une population un programme de films ayant pour ambition des intentions culturelles, pédagogiques et éducationnelles.
Et pour l'infrastructure d'accueil…
Je vous avouerai en toute sincérité que ce problème d'infrastructure se pose avec acuité. Il n'y a pas de salles de cinéma digne de ce nom à Tizi-Ouzou ! Un travail est, certes, entamé dans ce sens par le ministère de la Culture mais les collectivités locales doivent jouer le jeu ! A mon sens c'est la vraie bataille à engager. L'espoir d'un cinéma prospère à Tizi-Ouzou et partout ailleurs en Algérie passe foncièrement par une trilogie simple : production, salles de cinéma et formation. Maintenant pour revenir aux espaces qu'occupera le festival, on fera certainement avec ce qu'il y a mais toujours avec une contrainte de taille ; trouver un partenaire qui nous installera le matériel de projection adéquat. Pour l'ouverture et la clôture du festival, on ne peut pas trouver mieux que la magnifique salle du théâtre Kateb-Yacine.
Un mot pour terminer…
Le Festival du film amazigh est résolu à multiplier les initiatives pour contribuer modestement à impulser une dynamique cinématographique large et participer ainsi à la relance du septième art en Algérie. Avec modestie, je peux dire que notre festival a trouvé écho aux quatre coins du pays, et ce, à travers des personnalités de la culture et de dimension internationale grâce à son staff qui est composé de femmes et d'hommes crédibles, honnêtes et engagés au service du 7e art en particulier et de l'amazighité en général.
Entretien réalisé par Mohamed Kebci


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