Le coup de bill'art du Soir «Ocean's 14» tourne en Algérie

Par Kader Bakou
L'homme s'assoit toujours à la même table de ce milk-bar algérois. Tiré à quatre épingles, il vient chaque matin à la même heure pour prendre un copieux «p'tit déj». Avant de partir, il paie toujours avec un billet de 200 DA flambant neuf (à l'époque c'était le plus gros billet de banque en Algérie). Un jour, quelqu'un vient vers lui.
- «Je peux m'asseoir '» lui demande-t-il.
- Je vous en prie», répond l'habitué du milk-bar.
- Je vais droit au but.
J'ai remarqué que vous payez toujours vos consommations avec un billet de vingt mille qu'on dirait tout droit sorti de banque. Pourquoi '»
- J'ai inventé une machine à fabriquer des billets de banque identiques à ceux qui sortent de la banque. Vous pouvez vérifier, personne ne pourra se rendre compte que ce sont de faux billets», dit l'homme en donnant quelques billets de 200 DA à son interlocuteur. Celui-ci va voir plusieurs banques et partout, on lui répond, après vérification, que ce sont de vrais billets de la Banque centrale d'Algérie. Le lendemain matin, il va voir le fidèle client du milk-bar. - «Tu as raison, même à la banque, on m'a dit que ce sont de vrais billets», lui dit-il.
- Le problème, c'est qu'avec ma petite machine, je ne peux sortir qu'un seul billet par jour.
- Est-que tu peux fabriquer une machine qui reproduit un plus grand nombre de billets '
- Oui, mais il me faut environ 160 millions (1 600 000 DA) pour acheter certaines pièces…
- Ce soir, je vous donne cette somme et on est des associés. OK !» L'homme empoche cette somme et disparaît dans la nature. C'était du bluff. Il payait ses consommations avec de vrais billets de banque soigneusement choisis pour appâter les éventuels pigeons. Si Steven Soderbergh cherche un personnage pour la suite de Ocean's 13, il l'a trouvé en la personne de ce faux faussaire, mais vrai escroc.
K. B.