Salles de spectacles d’Oran

Le Roxy, un lointain souvenir Le cinéma Roxy, ou du moins ce qu’il en reste, fait partie de ce réseau de salles de spectacles qui, dans un passé relativement récent, constituait un espace de divertissement pour les résidents des quartiers périphériques de la ville. Aujourd’hui, ce cinéma qui, depuis belle lurette, a entamé sa métamorphose à l’instar d’autres salles de cinéma autrefois si vivantes, demeure un vieux souvenir pour les cinéphiles du voisinage auxquels il ne peut plus hélas procurer, comme auparavant, leur dose de rêve. C’est une autre population qui jouit aujourd’hui de ses services. Situé sur les hauteurs du quartier Sidi El Bachir, ex Plateau St Michel, à la limite du centre-ville, le cinéma présente aujourd’hui un aspect austère et désuet, comme un navire, en partance pour nulle part, amarré à l’intersection de la rue Ghoual Mohamed et le bourdonnant Boulevard Adda Benaouda, l’artère commerçante du quartier, où d’interminables travaux empoisonnent le quotidien des riverains. La salle de spectacles qui, à une certaine époque, si belle et n’ayant rien à envier au statut des superbes cinémas du centre-ville, programmait les productions cinématographiques les plus récentes, a perdu depuis toute sa majesté. Une grille métallique coulissante, plus adéquate pour tout autre banale activité commerciale, balafre la devanture qui pour, seule prétention luxueuse, arbore sur son front une marquise de couleur pourpre où une tenace couche de poussière a depuis longtemps estompé l’éclat en cachant l’inscription qui renseigne sur la nouvelle activité. La salle de cinéma a malheureusement été convertie en salle des fêtes «depuis qu’il n’existe plus de cinémas à Oran «, dira sentencieusement le préposé qui n’hésite pas à nous faire faire le tour des lieux. Dans le hall, dont le sol a reçu un revêtement flambant neuf en dalles de sol blanches frappées d’un motif géométrique grenat, les guichets ont été éliminés. Sur la gauche, un bureau métallique, et sur la droite, une série de fauteuils en simili-cuir pour accueillir les éventuels clients, en constituent le seul mobilier. Derrière, entre le hall d’entrée et les toilettes, une vaste cuisine a été aménagée où de volumineux ustensiles et des séries de couverts destinés aux grandes occasions sont entreposés. Dans l’espace qui servait de salle obscure, tous les sièges ont disparu pour laisser place à une spacieuse salle des fêtes, avec un alignement de ventilateurs suspendus au plafond et des climatiseurs fixés sur le côté donnant sur la venelle. Deux longues marches scindent toute la largeur de la salle en deux niveaux. Des tables et des chaises rangées en hauteur attendent sur les côtés. Un escalier en bois a été imaginé pour conduire sur l’ancienne scène surélevée, qui supportait l’écran, où deux volumineux fauteuils ont été installés offrant au couple, qui a décidé de convoler en justes noces, une position stratégique pour dominer la fête. Au cours de la visite, notre hôte s’entêtera à tenter de nous convaincre des immenses bienfaits que la métamorphose des lieux aura occasionnés aux résidents du quartier en les soulageant de tant de contraintes lors de l’organisation de cérémonies de mariage. Les images de rêve ont depuis longtemps été supplantées par les décibels débités par les grosses baffles et l’atmosphère suffocante des défoulements des danseurs. Le cinéma n’est plus qu’un lointain souvenir !