Algérie

Riyadh roule l'Opep dans la farine


Riyadh roule l'Opep dans la farine
Le siège de l'Opep à VienneLe «gendarme» de l'organisation des pays exportateurs de pétrole a annoncé un accroissement de sa production alors qu'il demeure le farouche défenseur du maintien de celle du cartel.Faites ce que je demande, quant à moi je fais ce qui me plaît. C'est le slogan qui sied le mieux à une Arabie saoudite arrogante qui n'appréhende les soucis actuels des autres membres de l'organisation, dont les économies sont plombées par la dégringolade des prix du pétrole, qu'à travers son nombril. Qualifiée de «guerre des prix», claironnée à tout-va par les pays consommateurs qui s'en lèchent les babines et reprise en choeur par les médias occidentaux l'attitude du Royaume wahhabite s'apparente en fait à un véritable «deal passé» avec leurs protecteurs américains qui inondent le marché avec leur pétrole de schiste. La position adoptée par Riyadh pour faire face à cette situation consiste, en effet, à laisser filer les cours de l'or noir pour réduire cette surabondance qui mine les coûts du brut, tout en maintenant inchangé le plafond de production de l'Opep. Arguant que les pays qui en sont membres ne doivent pas assumer seuls la chute des prix. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le 22 décembre 2014 le ministre saoudien du Pétrole. Selon la stratégie dictée par le chef de file du cartel, l'extraction, du pétrole de schiste, qui ne deviendrait pas rentable à partir d'un certain niveau épongerait le surplus d'or noir et pousserait par conséquent les prix à la hausse. Soit, sauf que sur le terrain la réalité est toute autre. Cependant dès que le baril rebondit comme il l'a fait depuis le début de l'année où il est passé de moins de 45 dollars à plus de 60 dollars, le ministre saoudien du Pétrole intervient pour faire une déclaration fracassante qui n'a finalement pour seul dessein que de stopper cette ascension. Le «gendarme» de l'organisation des pays exportateurs de pétrole a en effet annoncé un accroissement de sa production, alors qu'il demeure le farouche défenseur du maintien de celle du cartel. «Le ministre du Pétrole saoudien a encore souligné que le pays accroîtrait sa production si la demande augmentait», soulignaient les analystes de Commerzbank se référant à des propos tenus, le 18 juin, par Ali al-Nouaïmi lors d'une visite à Saint-Pétersbourg.Une sortie médiatique qui a influencé la baisse des cours du pétrole qui donnaient l'impression de se reprendre. Les experts en sont convaincus et l'attestent. «Le secteur de l'énergie a connu une semaine assez calme et le Brent et le WTI continuent de s'échanger dans une fourchette de prix bien définie, les récentes baisses des stocks américains et de la production américaine (de bon augure pour les cours) étant contrebalancées par des records de production de nom-breux membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Arabie saoudite Ndlr)» faisait remarquer Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Le Royaume wahhabite reste le pays qui a produit plus de pétrole au monde en 2015, 10,29 millions de barils de pétrole brut par jour tandis que ses exportations sont au plus haut depuis près de dix ans.«L'Arabie saoudite a exporté juste au-dessous de 8 millions de barils par jour en mars, son plus gros volume en plus de neuf ans», indiquent les analystes du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Constat: Riyadh roule l'Opep dans la farine. Au grand dam de ses membres qui espèrent un bond des prix du brut. Vendredi, le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en juillet a perdu 84 cents à 59,61 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, celui de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a reculé de 1,24 dollar clôturant la semaine à 63,02 dollars. Sachant que les cours de l'or noir se trouvent déjà sous la pression d'une devise américaine qui a repris de la vigueur par rapport à sa rivale européenne et de la crise grecque, les gesticulations saoudiennes risquent de leur porter un coup fatal. La semaine prochaine s'annonce tourbillonnante pour le baril.




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