Prometteuse démarche des syndicats autonomes

Lessyndicats autonomes ont convenu de relancer la protestation sociale en riposteà la fin de non-recevoir opposée par les pouvoirs publics à leursrevendications exprimées lors des grèves organisées en février dernier.Lanouveauté est qu'ils ont décidé d'unifier leurs actions. Ce qui va se traduirepar deux journées de débrayage dans la fonction publique les 13 et 14 avril, auxquellesparticiperont solidairement tant les syndicats affiliésà l'Intersyndicale que ceux de la Coordination.C'estlà assurément la seule démarche appropriée que les syndicats autonomes sedevaient d'adopter, au constat que leur combat en ordre dispersé a étéfinalement mitigé dans ses résultats. En s'engageant en ordre dispersé dans laprotestation sociale, les autonomes n'ont pu faire de façon irrécusable desdémonstrations de force susceptibles de venir à bout de l'autisme que lespouvoirs publics opposent à leurs revendications. Leur dispersion a au contraireconforté les pouvoirs publics dans la certitude qu'agissant séparément, cessyndicats ne représentent pas une force de mobilisation les obligeant à tenircompte des mouvements sociaux qu'ils animent. Pire encore: à force d'aller aucombat chacun de son côté, alors que leurs principales revendications sontidentiques, ils ont couru le risque de disloquer la solidarité évidente deleurs affiliés respectifs, à la satisfaction non dissimulée des autorités. Leurchacun pour soi dans des protestas fractionnées, et donc de moindre impact, afini par générer la lassitude des fonctionnaires qui y participent et une pertedu capital sympathie qu'elles ont eu initialement au sein de l'opinion publique.Ilne fait aucun doute que la démarche unitaire que ces syndicats ont adoptée vabooster la combativité des fonctionnaires. D'où la certitude aussi que lespouvoirs publics vont durcir leur attitude en usant d'une panoplie de mesuresrépressives à l'encontre du mouvement de protestation annoncé et de ses animateurs.Il se pourrait même que «l'illégalité» des deux journées de débrayage soitprononcée pour empêcher que les syndicats autonomes, enfin solidaires, administrentla preuve de leur audience et donc de leur représentativité.Lefondamental restera, même dans cette éventualité, que les syndicats autonomessont parvenus à dépasser les divergences et dissensions qui les séparent pourconstituer un front syndical regroupé pour faire avancer un «SMIG» desrevendications sociales qui s'expriment dans le pays. Ce que dans son domaine, l'oppositionpolitique a lamentablement échoué à construire depuis l'avènement dumultipartisme, laissant ainsi le champ libre au pouvoir de mijoter toutes les«cuisines politiques» qui consolident sa mainmise sur le pays.