Algérie

Le capitaine, le toubib et le peuple malade



C'estl'histoire d'une vérité à l'endroit, celle de ce capitaine de bateau ivre partiavec un toubib à bord à l'abordage des océans pour sauver des vies humainesmenacées de mort par une mystérieuse maladie sur une île perdue au-delà ducentième parallèle entre Ushuaïa et l'île de Bornéo.Aucreux des vagues hautes comme des montagnes, le bateau tangue et tout le mondedoit écoper. Au milieu de l'océan, le capitaine sent la nécessité de délesterle bateau pour espérer arriver à bon port. Mais qui doit-il jeter par-dessusbord ? Ses matelots, son mécano, sa propre personne ou le toubib avec sa boîtede pharmacie en bandoulière ? Sur l'île menacée d'extermination, des centainesd'enfants, d'hommes et de femmes attendent l'arrivée miraculeuse du médecin.Serendant à la vitale évidence, le capitaine, supportant ses haut-le-coeur, jettepar-dessus bord ses matelots, l'un après l'autre, puis son mécano. Mais lebateau a toujours et encore besoin de se délester pour ne pas sombrer dans lesabysses insondables de l'immensité aqueuse de l'océan.Dansun tragique face-à-face avec le toubib, le capitaine décide de se faire hara-kiriet se jette à l'eau à son tour pour laisser le toubib galérer tout seul jusqu'àl'île menacée. Et l'Histoire dira que le toubib arriva au rivage du salut etsauva des centaines de vies, avant de planter au sommet d'une colline oubliéeun petit drapeau avec écrit dessus en lettres sanguinolentes: «Il n'y a que lespauvres de généreux et les marins de preux».Letoubib, après avoir sauvé des vies par «écopes entières», retourna sur la terreferme et se souvint de son pays et de son peuple marchand sur les pas d'un seul(H)omme sans jamais avoirtrouvé son chemin.Sonstéthoscope scotché à ses oreilles, le toubib ausculta la paume de sa main pourlire dans les pensées de ses prochains et comprendre enfin pourquoi dans sonpays à la géographie imprécise et l'histoire indécise, tout le monde dit Oui enpublic pour ne pas être obligé de dire Non, la tête engoncée sous l'aisselle desa tendre moitié.Avantde reprendre son sacerdoce salvateur au service de ses semblables, le pauvretoubib se souvint encore de ces trois hommes quimangent dans le même râtelier plein à ras bord, sauf que le premier a unegrande louche à la main, le second une cuillère grande comme une soucoupevolante et le troisième une fourchette érodée qu'il cherche à planter dans ledos de ses deux acolytes pour s'emparer et de la louche et de la grandecuillère. L'Histoire léguera pour la postérité que l'homme à la fourchetteérodée sera retrouvé étouffé avec un bâillon dans la bouche grande ouverte etles narines bouchées par un cétacé découpé en quartiers. Sur l'épitaphe de satombe retournée, l'on fera écrire en lettres de couleur rouge sang: «Ici reposecelui qui voulut révolutionner le sens de rotation de la terre en voulantréussir l'exploit quasi inhumain de parler la bouche pleine !».
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