Algerie - Biodiversité

Planète (Guyane/France/Amérique du Sud) - Le centre spatial reconnu coupable de destruction d’espèces protégées


Planète (Guyane/France/Amérique du Sud) -  Le centre spatial reconnu coupable de destruction d’espèces protégées
ENVIRONNEMENT • Quatre espèces protégées ont vu leur habitat détruit lors de travaux, réalisés sans autorisation, pour le site du pas de tir «Diamant»

Allez dans l’Espace n’est pas une raison pour abîmer la Terre. C’est sans doute ce qu’a voulu exprimer le tribunal judiciaire de Cayenne ce lundi en reconnaissant la culpabilité du Centre national d’études spatiales (Cnes), qui gère la base de Kourou en Guyane, accusé de destruction d’espèces protégées, lors de travaux réalisés sans autorisation.

Le Cnes a été condamné dans le cadre d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), sorte de plaider-coupable à la française, à réparer le préjudice écologique et à mettre en place des mesures compensatoires dans un délai de trois ans.

- Quatre espèces protégées ont vu leur habitat détruit

L’agence spatiale devra notamment remettre en état le site du pas de tir «Diamant», réhabilité sans autorisation à partir de 2022, et appliquer les compensations prévues pour l’aménagement d’un parc photovoltaïque voisin, dit «PV2». Il lui était reproché des «atteintes illicites […] à la conservation d’un habitat naturel et d’espèces protégées».

Au moins quatre espèces protégées ont vu leur habitat détruit, dont une grenouille rare, le leptodactyle ocellé, protégée depuis 2020 par un arrêté ministériel.

- Des milieux impactés sur plusieurs décennies

Le parquet soupçonnait le Cnes d’avoir eu connaissance de sa présence avant les travaux sans modifier ses plans. Selon des éléments obtenus par l’AFP, l’agence spatiale n’avait en outre pas obtenu les autorisations nécessaires au lancement des travaux.

Une expertise judiciaire a estimé le préjudice écologique à 9,7 millions d’euros et la restauration des milieux impactés à plusieurs décennies.

Le centre spatial, d’où sont notamment lancées les fusées Ariane, s’étend sur une savane littorale abritant 16 % de la biodiversité de Guyane sur seulement 0,3 % de son territoire, dont plusieurs espèces endémiques et une forte densité de jaguars.

- Le Cnes prend «acte de la décision»

Une première tentative de sanction-réparation via une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP), incluant 10.000 euros d’amende, 20.000 euros de dommages et intérêts et des engagements écologiques, avait été rejetée en juillet 2024 par le tribunal, jugée insuffisante.

L’avocat du Cnes, Me Mustapha Khiter, a indiqué que l’agence avait «pris acte de la décision» et «mettra en œuvre les mesures qui ont été sollicitées».

«On se retrouve avec une absence d’amende pour des infractions intentionnelles aux dommages gravissimes sur des espèces menacées», a réagi de son côté Nolwenn Rocca, coordinateur de Guyane Nature Environnement, partie civile dans ce dossier.

Photo: La nouvelle fusée Ariane 6 a été lancée depuis le site de Kourou le 9 juillet 2025.  - Stephane Corvaja / European Space Agency via AP

20 Minutes avec AFP
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