Planète (Europe) - La biodiversité continue de s’effondrer en France, mais les populations d'espèces protégées augmentent fortement, selon le WWF

Une lueur d'espoir dans un tableau toujours bien sombre. La biodiversité poursuit sa chute en France, à cause de la dégradation des écosystèmes, alerte le WWF France dans un rapport publié mardi 9 décembre. Mais, lorsqu’une protection forte et durable est mise en place, les résultats sont spectaculaires. En moyenne, sur le territoire hexagonal, les populations d’espèces protégées ont ainsi augmenté de 120% depuis 1990. "Ce rapport le montre sans ambiguïté: la nature répond positivement dès qu’on lui en donne les moyens", explique Fanny Rouxelin, directrice du pôle biodiversité terrestre du WWF France.

L'ONG de défense des animaux appelle donc les autorités françaises et européennes à "cesser d’affaiblir les protections existantes" de la biodiversité et à "investir réellement dans la restauration du vivant". Car la tendance est aux reculs environnementaux, comme sur la protection des loups, qui a été abaissée au niveau européen, ou sur la préservation des haies, dont le budget a été récemment ratiboisé.

"La conservation n’est pas un pari, c’est une réussite démontrée." Fanny Rouxelin, directrice du pôle biodiversité terrestre du WWF France dans un communiqué

Le constat global dressé par le WWF sur la biodiversité française est sévère: 70% des haies ont été détruites depuis 1950, 50% des zones humides ont disparu en un siècle, tandis que les forêts sont trop jeunes et les océans surexploités. Or, le déclin de ces milieux menace directement de nombreuses espèces autrefois communes: en quelques décennies, le moineau friquet a ainsi perdu plus de 90% de ses effectifs, le brochet près de 30% et le dauphin commun quelque 20%. Certaines espèces emblématiques sont également très fragiles, comme le grand tétras (-36%) ou le lynx boréal, dont on estime à moins de 200 le nombre de spécimens en France.

"C'est une question de volonté"

Malgré ces signaux inquiétants, une bonne nouvelle est mise en lumière par l'ONG: lorsqu’une espèce est protégée et que des moyens techniques, humains et surtout financiers sont mobilisés, la conservation fonctionne. Par exemple, la population de flamants roses en Camargue a été multipliée par quatre depuis que des actions de conservation ont été instaurées et celle du pic noir a plus que doublé, tout comme celle du grand murin (une espèce de chauve-souris) depuis les années 1990.

Fort de ce constat, le WWF appelle les responsables politiques, mais aussi les citoyens, à renforcer la protection de la biodiversité. Cela passe par un plan national de restauration des milieux naturels, une réorientation des subventions, un renforcement des systèmes de protection ou encore une alimentation issue d'une agriculture respectueuse de l'environnement. "La France est à un tournant", assure Véronique Andrieux, directrice générale d WWF France. "L’appauvrissement du vivant n’est pas une fatalité. C’est une question de volonté."

Photo: Des flamants roses dans le parc ornithologique du Pont-de-Gau, en Camargue, le 4 avril 2022. (ERIC BERACASSAT / HANS LUCAS / AFP)

franceinfo/France Télévisions