Algérie

Nos modérés à Annapolis


Il y a un cliché entretenu dans la presse occidentale, quidivise le monde arabe entre supposés modérés et radicaux, entre réalistes etutopistes.Bien entendu, les supposés «modérés» ont les faveurs de la presseoccidentale au détriment des «radicaux». Hormis des cas extrêmes, comme pourl'assassin de Rabin, les Israéliens ne sont jamais classés entre «modérés» et«extrémistes», cela est réservé à ce monde arabe qui n'a pas osé, encore unefois, rejeter une demande américaine et a afflué en masse à Annapolis. Même la Syrie n'attendait que lapetite perche de la vague évocation du plateau du Golan pour suivre les autres.Si être «modéré» signifie qu'on aborde les choses par lapolitique, pourquoi ne pas l'appliquer à la rencontre d'Annapolis ? Quel est lepoids politique d'un négociateur palestinien dans un contexte de désunion ? Zéro.Quel apport auront les Etats arabes modérés sur la rencontre, parviendront-ilsà amener l'équipe de George Bush à exercer des pressions sur Israël ? Laréponse est déjà non puisque Olmert, fortementcontesté chez lui, a eu l'assurance qu'il n'y en aura pas. Du déjà-vu.Plus de quinze ans après Barcelone qui a lancé un processussans fin, les colonies israéliennes se sont étendues et ce qui devait être laterre des Palestiniens est déjà morcelé en bantoustans où l'armée israéliennefait ce qu'il lui plaît. Annapolis va être le «début» d'un processus sérieux, nouspromettent, sans y croire eux-mêmes, nos modérés. Barcelone et Oslo, c'étaitaussi très sérieux... A quoi sert Annapolis ?La Syrie aura la vague promesse qu'on parlera du Golan. Lesnégociateurs palestiniens, faisant grand cas de la «forte présence arabe», exigentque les choses se règlent avant la fin du mandat de Bush. Ils ne l'auront pas. Niles Etats-Unis ni Israël ne sont subitement devenus des «modérés» comme nosgouvernants pour espérer une percée essentielle. Les supposés «radicaux»palestiniens, par exemple le Dr Azmi Bichara, ont des arguments forts pour dire que la rencontrene sert que l'agenda américain, que c'est un exercice de relations publiquesqui joue, et joue seulement, sur le thème palestinien pour faire oublier sapolitique calamiteuse dans la région. Mais comme ce sont des «radicaux» et dansle meilleur des cas des «utopistes»...Très «réaliste», un conseiller de Mahmoud Abbas nousexplique que les Etats-Unis ne sont pas une «association de bienfaisance» etqu'il est normal qu'ils aient des intérêts pour organiser la rencontre d'Annapolis.Il faut remercier le conseiller pour cette prodigieuse découverte. Mais cequ'il fallait démontrer était l'intérêt des Palestiniens et des Arabes à yparticiper. Pourquoi l'ont-ils fait d'ailleurs si obligeamment ? Il faudraremercier plus sérieusement M. Shimon Peres qui nousl'explique franchement: les Arabes participent si nombreux à Annapolis parcequ'ils sont « effrayés » par l'Iran et qu'ils «commencent à comprendre que ledanger ne vient pas d'Israël mais de l'Iran.Israël ne menace personne ? Voyons donc ! Les «modérés»vont-ils adhérer à cette fable et accepter que la rencontre d'Annapolis fassesemblant de parler de la question palestinienne pour préparer la guerre àl'Iran ? Est-ce être «modéré» que de participer à une conférence dont l'horizonle plus proche n'est pas la paix pour les Palestiniens mais la guerre contreles Iraniens avec ses conséquences inimaginables ?
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