Algérie

Moussa Saib (entraîneur de la JSK) «Le plus dur reste à faire»



Le président de la JSK, Hannachi, a-t-il vu juste en confiant la direction technique à Saib Moussa ? Il est vrai que ce jeune entraîneur fait parler de lui par son travail, son abnégation et son sérieux. Considéré comme l'élève, sinon le chouchou de Guy Roux, l'emblématique coach de l'AJ Auxerre, Saib n'est pas le genre à se cacher derrière son manque d'expérience pour justifier tel ou tel échec. Ses responsabilités, il les a toujours assumées. A la JSK, rien ne semble le perturber, ni la pression médiatique ni la pression populaire, car, selon lui, seuls la discipline, l'union et le travail sont des gages de réussite. Imperturbable, Saib ne tolère jamais un quelconque écart disciplinaire et n'hésite pas à trancher même envers ceux qui se croient intouchables. Saib est un jeune technicien qui s'impose avec ses propres qualités, comme il l'avait fait à la JSM Tiaret où il était un pion essentiel alors qu'il n'avait que 17 ans. Aujourd'hui, Saib refuse de cautionner la médiocrité et la confusion nées d'un environnement malsain. Même avec un statut de leader actuel du championnat national, Saib songe, et il a même pris la décision, de se retirer. Pour en savoir plus sur les raisons, nous avons pris attache avec lui. Le Quotidien d'Oran.: Quel jugement portez-vous sur le bilan actuel de la JSK ? Moussa Saib.: Ma satisfaction réside dans le fait que nous avons largement dépassé notre objectif assigné en début de saison, à savoir la formation d'une équipe compétitive avec des bases solides. Sur le plan tactique, les joueurs ont pu assimiler les nouvelles notions et se sont bien adaptés à notre dispositif. Je dirai que tout le groupe a contribué à cette position de leader, et je crois que c'est rare de voir un entraîneur faire tourner son effectif avec succès. Pour cela, dès le début, j'ai été clair avec les joueurs en leur affirmant qu'il n'y a pas de titulaires, ni de remplaçants. Moi, je travaille avec un groupe. Mes choix sur la composante sont dictés selon un ensemble de paramètres, tels que la forme du joueur et ses dispositions psychologiques, son sens d'adaptation à la tactique du jour, la valeur de l'adversaire. Je crois que tout le monde s'est adapté à cette façon de travailler même si certains ont voulu éviter d'adhérer à cette ligne de conduite tracée en début de saison. Le Q.O.: Vous avez toujours refusé d'évoquer le titre, est-ce une manière d'éviter à vos joueurs la pression ? M.S.: Exact. Nul doute que nous avons joué avec une jeune équipe, donc elle est exposée aux conséquences de la pression. Si on avait parlé de titre, nos jeunes auraient du mal à gérer tout ça. En outre, pour viser un titre de champion d'Algérie, il faudra avoir les moyens sur le terrain. Or, à la JSK ce n'est pas le cas. On manque par exemple d'un arrière gauche de métier. Nous avons un jeune meneur de jeu, Berramla, venant d'un club de seconde division et à qui il faudra du temps pour s'aguerrir. A présent, le groupe a travaillé et il est récompensé par cette position de leader. On est en fin de championnat, il faudra savoir gérer cette position de leader. Il reste six matches, il faudra donc se serrer les coudes et continuer à travailler avec le même état d'esprit et avec la même volonté jusqu'au dernier match. Q.O.: Comment voyez-vous la suite de la compétition ? M.S.: Le plus dur reste à faire. Nous sommes contraints de bien gérer cette avance de sept longueurs et on est bien armés pour tenir le coup. Il faudra être vigilant et fort psychologiquement pour ne pas se laisser envahir par le doute. C'est vrai que nos derniers résultats n'ont pas été réguliers, mais il y a des jours sans. Nous sommes en fin de compétition et les jeunes commencent à payer les effets de cette situation générée par la pression engendrée par le titre. Que tout le monde sache qu'il n'était nullement question que la JSK joue le titre. Aujourd'hui, nous essayons de maîtriser cette nouveauté du fait que nous sommes de l'objectif du maintien. C'est le fruit des efforts consentis par tout un groupe et la discipline de se mettre au service du collectif. Je suis persuadé que personne n'avait osé placer la JSK comme favori pour jouer le titre. Alors qu'on nous laisse travailler tranquillement. Certains ne voient pas l'intérêt du club mais celui de tel ou tel joueur. Que l'on sache une chose, toutes ces interférences, ces interventions ou autres ingérences ne m'influencent pas et je ne céderai à aucun chantage. J'ai un objectif avec la JSK sur lequel je me concentre. A la fin de saison, je ferai mon bilan pour prendre une décision quant à mon avenir au club. Le Q.O.: Est-il vrai que Saib n'est pas assez chaud pour poursuivre l'oeuvre entamée ? M.S.: Oui, et ce en raison de l'environnement malsain. Le football national est malade par cette mentalité dégradante et je ne peux cautionner ça. Il y a des choses qui me dépassent et qui sont tout à fait contradictoires à la conception du football. Il y a trop «d'entraîneurs» ici et, puisque c'est ainsi, ils n'ont donc pas besoin de moi. Donc, je ne vois pas l'utilité de rester. Dans le contexte actuel, je me retire, car il m'est impossible de travailler dans un contexte pareil. C'est une décision que j'ai prise depuis belle lurette, mais d'ici là, on verra car personne ne sait de quoi sera fait demain. Le Q.O.: Les cas Harkat et Zafour ? M.S.: C'est vraiment malheureux d'en arriver là. Parce que l'entraîneur a fait son choix en tranchant en son âme et conscience, on déballe tout dans la presse. Je suis le seul maître à bord quant à la gestion technique de l'équipe. Bien que les choses se soient améliorées quelque peu, mais ce n'est pas encore l'embellie, car il y a des joueurs qui refusent d'adhérer à notre démarche. Pourtant, j'ai été franc avec eux en leur signifiant clairement, que celui qui n'est pas en mesure d'adhérer à la ligne de conduite était libre de partir au mercato. Le Q.O.: Ces problèmes pouvaient nuire à la bonne marche de l'équipe... M.S.: On peut facilement déstabiliser le groupe de l'intérieur. Je n'ai pas demandé l'impossible en exigeant aux joueurs de respecter le club, son histoire, ses dirigeants, son public, ses hommes et surtout la position dans laquelle se trouve la JSK au classement. Que chacun fasse son travail sans s'ingérer dans ce qui ne le regarde pas. Le football est un jeu et une fête mais avec cette mentalité on ne progressera jamais.


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