Meskiiine

Il n?y a plus de msakine. Le mot pauvre existe encore pour parler du passé, mais c?est un mot ancien, c?est un mot dépassé. Bekri, le pauvre était kahammas. Mais c?est du passé, dépassé. Le terme pauvre a pris un autre virage. Aujourd?hui il existe des gens peu fortunés, des mendiants dans les rues, des enfants sans logis, des hommes sans travail, des femmes sans revenu, des retraités, mais parler de cela est contre-productif. Dans nos sociétés avancées, parler de pauvres ne sert à rien, la science a permis de dépasser tout ça.De nos jours, chaque personne dans le besoin peut être identifiée, on connaît son point faible, sa déficience, sa tare, il est «sans» logement, sans santé, sans travail, il est sans formation, sans conjoint, sans papier, c?est un jeune marginal, un handicapé mental ou physique, un alcoolique, c?est une femme seule, un enfant, un vieillard, en tout cas, c?est quelqu?un à qui il manque quelque chose. Et pour chacun des manques, nous avons la réponse: le minimum vieillesse, l?allocation femme seule, les mesures d?aide, adulte handicapé. «Pauvre» est inopérant, le mot est obsolète.El masakine ont disparu, et avec eux les riches ! N?avez-vous jamais pensé que sans pauvres, les riches n?existent plus ! Riche par rapport à quoi ?Il existe bien sûr des gens très fortunés, ce ne sont pas des riches, ce sont des grandes familles, des gens de la finance ou de la politique, c?est des stars du football ou des shows médiatiques, ils méritent ce qu?ils ont, on ne peut rien faire.El msakine ont disparu, et avec eux el morcantia ! Sans pauvres, pas de riches, plus de révoltes contre les riches, plus de lutte des classes, plus d?injustice sociale.Le mot pauvre est mort de vieillesse, de froid, de maladie, de faim. Sous-alimenté, le mot pauvre est mort dans un coin du dictionnaire, remplacé par les nouveaux concepts de notre hypocrisie.