Algérie

Menace sur l'unité de la Libye


A lors que le Conseil national de transition (CNT) peine déjà à restaurer l'ordre et à désarmer les milices des «thowars» qui jouent les shérifs dans leurs fiefs respectifs, il devra désormais faire face à un risque majeur : l'éclatement de la Libye en trois régions distinctes, comme ce fut le cas par le passé.Des chefs de tribus et de milices de Barca (Est libyen) ont en effet décrété, hier, de façon unilatérale, l'autonomie de cette région pétrolière, lors d'une cérémonie organisée dans la ville de Benghazi. C'est une véritable bombe à fragmentation que ces tribus viennent de faire exploser à la figure des membres du CNT, dont ils sont par ailleurs membres.
«La région fait le choix du système fédéral», ont affirmé hier ces dirigeants dans un communiqué conjoint. Et c'est apparemment loin d'être une simple agitation puisque ces partisans de l'autonomie de l'ex et probable future Cyrénaïque ont également annoncé la constitution d'un Conseil pour gérer les affaires de cette région, d'où était partie la révolte contre le régime du colonel Mouammar El Gueddafi.
Retour du refoulé
Preuve que les choses s'accélèrent dans cette perspective, ces tribus ont déjà élu à la tête de cette région Ahmed Zoubaïr, cousin de l'ancien roi Idriss Al Senoussi renversé par le colonel El Gueddafi en 1969. «Le Conseil intérimaire de Cyrénaïque a été établi sous la direction de cheikh Ahmed Zoubaïr Al Senoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants», précise le communiqué.
Maigre consolation pour l'instant : le Conseil reconnaît toutefois le CNT de Abdeljalil, qu'il qualifie de «symbole de l'unité du pays et représentant légitime (de la Libye) aux sommets internationaux». En fait, Ahmed Zoubaïr est lui-même membre du CNT. Mais bien que les promoteurs de la Cyrénaïque aient montré patte blanche quant à leur attachement à l'unité de la Libye, rien ne garantit que demain, l'autonomie ne virera pas à la sécession pure et simple dans un pays ouvert aux quatre vents. Le spectre de l'éclatement de la Libye post-Gueddafi était d'ailleurs la hantise de beaucoup de Libyens, et évidemment des pays voisins.
Les troupes occidentales, qui ont armé et bombardé ce pays jusqu'à le réduire en champ de ruines, via l'OTAN, étaient même accusées de vouloir provoquer l'implosion de ce vaste pays pour faire main basse sur ses richesses en hydrocarbures.
La déclaration d'autonomie de la Cyrénaïque peut donc s'interpréter, au-delà des conflits tribaux, comme un premier dommage collatéral de la campagne libyenne de l'OTAN.
Les vautours rôdent?
Le fait est que ce pays est curieusement abandonné à son sort par ceux-là mêmes qui l'ont détruit. L'appel au secours lancé par le CNT pour une conférence maghrébine sur la sécurisation des frontières, qui aura lieu le 12 de ce mois à Tripoli, est un signe qui ne trompe pas. La Libye est en effet confrontée à une violence permanente entre milices ou tribus rivales.
En février dernier, de violents combats avaient opposé durant semaines la tribu des Zwai à celle des Tobu, faisant plus de 100 morts et des milliers de déplacés, selon un bilan fourni par les Nations unies après une mission d'évaluation sur le terrain.
Des unités de l'armée avaient dû être envoyées à Koufra (40 000 habitants) pour sécuriser la ville et obtenir la mise en place d'une trêve. Il y a une semaine, deux personnes avaient été tuées dans des combats près du poste frontalier de Ras Jedir, entre la Tunisie et la Libye. Ces combats avaient opposé des policiers libyens à des hommes armés pour la prise de contrôle de ce passage stratégique.
Sur un autre plan, le CNT tente tant bien que mal à faire avancer un processus politique devant aboutir, à terme, à l'élection d'une assemblée qui aura à rédiger la future Constitution. Mais la déclaration d'autonomie de la Cyrénaïque risque de chambouler complètement les plans du CNT. Et peut-être même aiguiser les appétits de certains pays étrangers qui rôdent comme des vautours sur la Libye devenue un «cadavre».
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