Algérie

Médéa Le sida plus que jamais en question


Une fois n'est pas coutume, la journée de lundi dernier a vu se dérouler, en deux endroits différents à Médéa, deux évènements aussi importants l'un que l'autre. Le premier commémorant, avec un léger décalage, la journée mondiale de lutte contre le sida, et le second celle des handicapés. Une pandémie, pour le premier, et un état de fait, pour le second, pour lesquels la société en général est interpellée avec encore plus d'insistance qu'elle ne l'a été jusque-là. Mettre tous les moyens nécessaires à une lutte encore plus efficace contre cette maladie du siècle qu'est le sida, d'une part et d'autre part, ouvrir toutes les portes pour une meilleure intégration sociale de cette importante frange des personnes handicapées. Ainsi, dans la matinée, la salle de conférences Dr Mohamed Bencheneb du Centre universitaire Dr Yahia Farés de Médéa-Aïn D'heb accueillait, en ouverture aux trois journées (les 03, 04 et 05 décembre) de sensibilisation et de prévention contre les dangers du sida, qui est causé par le virus de l'immuno-déficience humaine (VIH), trois communications présentées successivement par un médecin représentant la direction de la Santé et de la Population (DSP), un inspecteur des Affaires religieuses et une psychologue de l'Office des établissements de jeunes (ODEJ) de la wilaya de Médéa. Des communications qui ont abordé, chacune à sa façon, ce sujet du sida qui demeure encore, quoi qu'on puisse dire, «tabou» et considéré comme la «maladie de la honte» chez une grande partie de la population. Ce qui fait qu'il n'est encore discuté «en toute liberté et de façon très explicite» que, généralement, dans les enceintes universitaires à l'occasion de journées d'étude ou de la... journée mondiale consacrée à ce fléau. Ce qui reste bien trop peu, il faut en convenir, par rapport aux victimes en Algérie. Un sujet qui a besoin, bien au contraire, d'une sensibilisation «plus directe» et capable de «frapper les esprits» de tous ceux et toutes celles, les jeunes surtout, tentés par le plaisir facile, des toxicomanes qui s'échangent les seringues, les autres personnes qui utilisent les rasoirs et aiguilles d'autrui... Une sensibilisation «frappante» à travers la diffusion à la télévision et l'affichage dans tous les lieux publics, sans distinction, de photos de cadavres squelettiques de personnes atteintes du sida. Agir de la sorte, c'est toucher assurément le maximum de personnes, de tous les âges et des deux sexes. Une façon aussi de «casser ce tabou», une bonne fois pour toutes, à travers une vulgarisation la plus large possible de ce fléau qui deviendrait ainsi un sujet qu'on aborde normalement en famille même si c'est de façon quelque peu tacite. Pour rappel, depuis le dépistage, en 1985, du premier cas de personne porteuse du sida en Algérie, 282 personnes en sont mortes à ce jour, alors que les dernières statistiques font part de 767 personnes malades du sida et 2.092 autres séropositives. Pour conclure, soulignons que ces trois journées de sensibilisation et de prévention, relatives à tous les dangers du sida, ont été organisées par le centre universitaire Dr Yahia Farès, la direction de la Jeunesse et des Sports (DJS) et l'ODEJ, avec la collaboration des directions de l'Education, des Affaires religieuses, de la DSP, de l'Association «Bila Houdoud» et de l'Association de «l'élite scientifique, culturelle et des loisirs» de la wilaya de Médéa. L'après-midi de cette journée du lundi dernier a été consacrée, quant à elle, à la célébration de la journée mondiale des handicapés dont la cérémonie a eu lieu dans la salle de spectacles de l'Institut des sciences de la gestion de M'sallah, à l'initiative de la direction de l'Action sociale (DAS), en étroite collaboration avec le mouvement associatif de la wilaya de Médéa. Et tout ce que l'on pourrait dire, c'est que le spectacle présenté par ces dizaines d'handicapés, enfants, jeunes et moins jeunes, filles et garçons, aura été très émouvant. Une cérémonie qui a débuté par une très riche exposition de photos, textes, brochures et autres dépliants relatifs aux nombreuses difficultés que rencontre cette frange de la société dans la vie quotidienne, que ce soit dans la rue, sur les lieux de travail, dans les lieux publics, dans les études... Des difficultés qui sont loin de favoriser cette intégration sociale dont ont besoin toutes ces personnes handicapées. Une intégration sociale que ces dernières ne cessent de revendiquer. Une exposition qui aura, également, permis aux nombreux invités représentant la société civile et les autorités de constater les différentes aptitudes de cette frange de la société à travers les multiples produits artisanaux (vêtements, tableaux de peinture, articles de décoration...) qu'elle peut réaliser. Une cérémonie qui s'est poursuivie par la présentation de chants, danses, cérémonie de mariage kabyle, défilé de mode... présentés par les enfants handicapés, filles et garçons, des centres spécialisés de Béni-Slimane, Médéa et Tamezguida. Le «clou» de cette cérémonie ayant été, sans contexte, cette intervention, émouvante et poignante à la fois, du président de l'Association «Ennasr» des handicapés de la ville de Ksar El-Boukhari que l'on pourrait résumer tout simplement par ceci: «Nous faisons partie de la société, nous en sommes une partie prenante. Aidez-nous à nous y intégrer en mettant à notre disposition tous les moyens matériels surtout ceux dont nous avons besoin». Un appel adressé à toutes les personnes et les autorités.


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