Libye : une dictature... d'avant-garde

Il y a des propos qui peuvent passer inaperçus ou tout simplement implicitement induits, dont l'importance imposait, tout de même, que l'on s'arrêtât sur leur sens et leur portée politique, au lieu de les noyer dans la logique du moment qui voulait que l'on s'intéressât exclusivement aux contenus des déclarations et non à ce qu'elles impliquaient dans l'attitude de leurs auteurs.
C'est le cas de la déclaration du porte-parole du CNT qui, au lendemain de la fin du régime de Mouammar Kadhafi, se prononçait sur le projet de société qu'il préconisait pour la Libye, en annonçant l'instauration de la chariaâ islamique sur le ton inéluctable de la détermination. Tout le monde a alors focalisé son attention sur l'hétérogénéité indiscutable qui existe entre la chariaâ et le projet démocratique et libertaire qu'est censée porter toute révolution enceinte de progrès social. Dans l'élan de cette perception panique, au demeurant justifiée par des expériences antérieures désastreuses, nous avons perdu de vue l'essentiel de l'annonce faite par Mustapha Abdeljalil, le fait, non pas qu'il parle de chariaâ, mais plutôt le fait qu'il bafoue l'un des principes mêmes de la liberté et de la démocratie, qui est celui de la volonté du peuple libyen. Y a-t-il eu référendum ' Ce tenant-lieu d'une instance révolutionnaire de transition a prononcé un diktat de despote avant même d'être reconnu comme le représentant définitif d'un Etat libyen libre et démocratique.Ne voilà-t-il pas déjà les signes avant-coureurs d'une volonté de monologisme politique et idéologique qui tend à faire fi de la volonté de la majorité dont seules des élections et les urnes sont l'espace de manifestation '