Algérie

Les séquelles d?un rythme marathonien


A 68 ans, Abdelaziz Bouteflika n?a certainement pas le souffle d?un jeune homme. Pourtant, depuis son accession au pouvoir en avril 1999, il a quasiment fait le tour d?Algérie plus de cinq fois. Et le tour du monde au moins une fois. Il a animé des centaines de meetings, pris la parole dans une multitude de tribunes, nationales et internationales. Il a prononcé des kilomètres de discours partout où il a été. C?est dire que d?entrée, les Algériens avaient noté que leur Président parle beaucoup, voire trop. Habitués à un Liamine Zeroual peu loquace et plus réservé, ils découvrent en Bouteflika un tribun infatigable. Mais aussi un grand voyageur. A l?arrivée, l?élan du président de la République s?est émoussé. L?homme semble visiblement avoir perdu son impressionnante énergie. La forme ne suit plus. Et même la voix lui fait des siennes. S?astreindre à une telle cadence, à un tel parcours du combattant, laisse forcément des séquelles. Son évacuation en France ne fait que confirmer le diagnostic « populaire » d?un Président fatigué. Il était d?ailleurs aisé de le remarquer récemment lors de l?ouverture de l?Année judiciaire. Bouteflika était loin de se porter comme un charme. Les traits tirés et le visage plissé et livide trahissaient son entrain. Le Président n?est sans doute plus ce qu?il était en 1999. En se jetant corps et âme dans le bourbier algérien avec une sacrée dose de défi, il s?est presque oublié. Il croyait, peut-être naïvement, qu?il allait résoudre l?équation algérienne en deux temps, trois mouvements. Mais la réalité du terrain et l?insondable jeu d?équilibre se sont avérés être une grande inconnue. Ni la concorde civile ni les milliards investis, ni même la réconciliation nationale ne semblent avoir secoué l?ego national de l?Algérien qui attend, désespérément parfois, le bout du tunnel. Tout ce passe en cette année 2005 comme si Abdelaziz Bouteflika s?est lui aussi trompé de société. Son projet et son défi de « normaliser » l?Algérie politiquement et économiquement s?est heurté à un mur de silence, de suspicion et souvent de résistance. Ayant pris le pouls de la population qui ne partage pas spécialement toute sa démarche, le Président commence à hésiter. A marquer le pas. Le poids des pesanteurs a fait que ni les privatisations n?ont atteint leur rythme de croisière ni les réformes bancaires et encore moins les différents chantiers économiques sur lesquels il a fondé tous ses espoirs de plaider son bilan en 2009 n?ont avancé. Un tel tableau de bord d?un pays n?incite pas, il est vrai, à la quiétude, à plus forte raison quand on s?investit personnellement. Même si cela n?explique pas tout, le rythme marathonien de Bouteflika en six années de pouvoir a été pour quelque chose dans la détérioration de son état de santé.
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