Algérie

Les salariés attendent le verdict du CPE


La privatisation de la plus que centenaire et « très convoitée » Brasserie algérienne oranaise (BAO), qui produit la populaire bière « 31 », semble encore traîner. En silence. C?est toujours en silence que les 135 salariés attendent le verdict du CPE. Ceux-là mêmes qui se sont constitués en société et ont soumissionné pour acquérir cette entreprise « tant convoitée ». Ici, cadres ou simples ouvriers, tous croisent les doigts. Pendant que des ouvriers se promènent dans le parc de l?avenue Sid Chahmi (Oran), un groupe de cadres assis dans le parc de cette vieille brasserie feuillette les journaux et cherche, attentivement, non pas les résultats du tiercé, ni les dernières nouvelles politiques de « là-haut », mais la fameuse info tant attendue depuis des mois. Ces cadres suivent, quotidiennement, le cours du dossier de leur soumission pour l?acquisition de cette brasserie. Leur démarche de création d?une société de travailleurs a été, bel et bien, reçue depuis le 13 juin dernier, jour où s?est tenue la séance de l?ouverture des plis. L?attente est de mise puisque l?enjeu est non seulement très sérieux, il est, aussi, « surréaliste ». L?on imagine mal, en effet, ces salariés ne pas spéculer sur leurs chances d?acquérir le fameux titre de propriété. Un « idéal » auquel il faut croire jusqu?au bout. Mais « jusqu?au bout », c?est quand ? Personne à Oran ne détient, pour l?instant, l?information. Une chose est sûre : le gouvernement est d?avis que rien ne devrait être cédé gratuitement. La tentative de privatisation en est à sa troisième offre infructueuse, depuis 1998. Année où un privé national a proposé l?infructueuse offre de 520 millions de dinars pour acheter tout le groupe. La promulgation d?un certain nombre de textes de décret en novembre 2001 a donné des ailes aux salariés de cette entreprise publique. Tels de vrais avant-gardistes, ces derniers tiennent à être les mieux informés. Ils lisent les journaux, les rubriques des appels d?offres et discutent des informations en chuchotant : « On papote et on investit. » Un avis d?appel d?offres paru dans El Moudjahid du 19 mars 2005 rend enfin possible la cession par partition du groupe GBA qui compte les brasseries d?Oran, d?El Harrach et de Reghaïa ainsi que des unités d?eau minérale et de boissons gazeuses. Les employés de la brasserie laissent entrevoir qu?ils sont les seuls à soumissionner cette fois-ci. Depuis la séance d?ouverture des plis, personne, ici à Oran, ne sait quand tombera le verdict de la cession de la brasserie aux salariés. Seul son propriétaire, le Conseil des participations de l?Etat (CPE), est en mesure de prendre cette décision. Ce qui sera, si tel est le cas, une première dans les annales des privatisations en Algérie. Un projet de « contrat de cession des titres sociaux du groupe BGA » a été émis, en 2002, par le Conseil des participations de l?Etat (El Watan du 31 mars 2002). Cependant, l?avis englobe la totalité du groupe GBA. Pour l?instant, les cadres préfèrent, plutôt, se concentrer sur le boulot. Une extension de l?usine est déjà entamée à Tigzirt et la bière marche bien. Les voyants des bilans annuels de l?entreprise sont « tous au vert ». « Des investissements ont été consentis. Nous importons les meilleurs intrants. Même au prix fort. L?eau est raffinée par un équipement de filtrage par osmose. La bière est ultra-douce », confie un cadre. Il vaut, donc, mieux bosser plutôt que de céder aux « rumeurs », car tout le monde se souvient de cette fameuse protesta menée par la section syndicale UGTA après la rumeur faisant état de la vente de la brasserie au groupe Castel, un puissant groupe bien installé à Tlelat et produisant Castel, Beaufort et Coca-Cola. Les repreneurs potentiels dont Castel et Tango n?aiment pas entendre parler de l?ensemble du groupe. Pour eux, seule la brasserie d?Oran « est intéressante ».
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