Algérie

Les protections sont-elles suffisantes ?




L’importance des réserves en devises, le niveau bas de l’endettement extérieur, le financement domestique des grands investissements,  sont autant de protections contre les effets de la tempête financière.L’environnement économique international s’est caractérisé, au cours du premier semestre 2008, par la propagation des effets de la crise financière dont l’origine est la crise des supprimes. L’ampleur et la persistance de difficultés de financement des banques de premier rang au niveau international ont amené les banques centrales à prendre des mesures exceptionnelles, d’une manière concertée à partir de décembre 2007, afin de pourvoir à la liquidité des marchés financiers et contribuer ainsi à ce que la crise de liquidité n’empire pas. Les pertes et les dépréciations d’actifs subies essentiellement par les banques américaines et européennes, et annoncées au cours des premier et second trimestres 2008, témoignent de l’ampleur de la crise. Une dizaine de banques américaines (et même une grande compagnie d’assurance AIG), se sont retrouvées devant des difficultés de manque de liquidités. Certaines ont mis la clé sous le paillasson et d’autres ont été sauvées par la FED (la Réserve fédérale américaine), qui leur avait consenti des lignes de crédits. “Nous sommes face à la pire crise financière et ses répercussions se font déjà sentir au-delà de la sphère financière, dans le monde entier”, a déclaré, récemment, le secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría. La très forte contraction des financements extérieurs et le durcissement de leurs conditions, inhérentes à la crise financière et à la propagation de ses effets, constituent un choc externe de grande ampleur pour une grande partie des pays en développement. Qu’en est-il de l’Algérie ? Les autorités financières et monétaires algériennes se veulent rassurantes. “L’Algérie est à l’abri des effets de la crise financière mondiale actuelle”, martèlent-elles à l’unisson.
L’Algérie ne sera pas affectée par les effets de la crise financière internationale actuelle, a affirmé samedi dernier le ministre de l’Énergie et des Mines. “Je ne pense pas qu’un pays comme l’Algérie, qui dispose d’une réserve de change de plus de 130 milliards de dollars, sera affecté par cette crise”, a déclaré M. Chakib Khelil devant la presse en marge d’une visite de travail à Oran. “Les décisions prises par le gouvernement et les autorités monétaires en matière de conduite du financement de l’économie et de gestion des actifs extérieurs, la dette et les réserves de change, font qu’aujourd’hui, nous avons des éléments de protection”, a rassuré le ministre des Finances M. Karim Djoudi dimanche passé, précisant que l’Algérie n’est pas présente sur les marchés internationaux et les banques algériennes n’interviennent pas sur les activités de portefeuille sur ces marchés. L’autre élément de protection, cité par le grand argentier du pays, concerne la réduction de l’endettement extérieur et intérieur. “La politique de désendettement mise en œuvre a permis de réduire la charge des intérêts et d’éviter au pays de subir la crise de liquidités et la montée des taux d’intérêt sur le marché international”, a expliqué M. Karim Djoudi. “Sans le remboursement anticipé de la dette extérieure, la tâche aurait été plus difficile”, a souligné le gouverneur de la Banque d’Algérie. Sur un autre plan, l’Algérie a développé un financement domestique de son économie en rejetant l’appel au financement extérieur. Les grands projets de Sonatrach, dans l’eau et le transport, sont financés par des banques algériennes.
Ce type de financement domestique permet d’éviter un double risque : l’endettement avec son corollaire la montée des taux d’intérêt et les pertes de change et de transfert de devise. Le gouverneur de la Banque d’Algérie note que l’accroissement soutenu du niveau des réserves officielles de change, estimées à 136,705 milliards de dollars à la fin juillet 2008, conjugué avec une diversification des devises de placement, depuis 2004, a permis à la Banque d’Algérie de faire face, dans une grande mesure, aux turbulences sur les marchés financiers internationaux.
La Banque d’Algérie a augmenté davantage les placements dans les actifs non risqués. Certains économistes affirment que ces placements ne seront pas affectés. Cependant, leur valeur baissera avec la baisse de la valeur du dollar.
La crainte pourrait venir de la baisse du prix du pétrole conséquemment à la baisse de la demande résultant de la baisse de l’activité économique dans le monde et de résurgence de l’inflation. Concernant le prix du pétrole, le ministre des Finances a estimé que “les cours des hydrocarbures ne devraient pas connaître de chute  significative”. “Une décision appropriée sera prise pour stabiliser le prix du pétrole lors de la réunion extraordinaire de l’Opep prévue en décembre prochain à Oran”, a annoncé le ministre de l’Énergie. Il restera l’inflation. La tendance lourde en la matière est haussière en 2008, même si la stabilisation du taux de change effectif réel contribue à atténuer l’effet négatif de l’inflation importée.


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