Les déclarations de bonnes intentions ne manquent pas

Algérie–France: Le renouveau ? Les «contacts» entre Alger et Paris s’intensifient particulièrement depuis le début de cette année. Outre les pèlerinages «intéressés» effectués par des leaders partisans français pour tenter d’obtenir la «bénédiction» algérienne pour les prochaines élections présidentielles françaises, le fameux traité d’amitié devant sceller le partenariat d’exception entre l’Algérie et la France semble être remis au goût du jour. En témoigne la teneur du dernier message de Jacques Chirac au président Bouteflika, ainsi que la participation de ce dernier, aux côtés de ses pairs, au sommet France–Afrique. Ce réchauffement, après le couac du fameux article 4 de la loi du 23 février glorifiant le colonialisme, intervient à plusieurs niveaux. Cela a été réaffirmé lors du déplacement, en milieu de la semaine passée, du président de l’APN, M. Amar Saïdani, à Paris sur invitation de son homologue français, M. Jean Louis Debré.A l’occasion de ce déplacement, les déclarations «de bonnes intentions» ont été légion. A commencer par le président du Sénat, Christian Poncelet, qui a qualifié, jeudi dernier, de «très fortes» les relations entre l’Algérie et la France et a plaidé pour les «développer» davantage. De même qu’il a estimé nécessaire cet «échange entre élus algériens et élus français» pour «se bien connaître, bien s’apprécier». «Que chacun s’enrichisse de la culture de l’autre, de l’expérience de l’autre pour qu’il y ait une coopération, étroite et forte, entre nos deux pays, et afin qu’on soit un exemple pour d’autres pays», a ajouté M. Poncelet. Auparavant, le président de l’Assemblée nationale française, M. Debré, avait, lui, misé sur la nécessité «d’intégrer» la relation entre les deux pays «dans la continuité». «Pour moi, les relations entre la France et l’Algérie s’intègrent dans une continuité. Il y a un rêve d’un avenir partagé», avait déclaré M. Debré, en appelant à «regarder vers l’avenir». M. Debré, en fin politicien, reviendra sans le citer sur l’épisode de la loi du 23 février. «N’oublions pas le passé. Le passé est ce qu’il est. Ne cherchons pas à le maquiller ou à le transformer. Il est là, mais il faut regarder aussi vers l’avenir et d’abord vers l’avenir», avait-il dit. De son côté, le Premier ministre, Dominique De Villepin, ne sera pas en reste des éloges faites aux relations entre les deux pays. «Les relations entre la France et l’Algérie sont des relations fortes et exceptionnelles même si elles ont été marquées par des épisodes douloureux», a-t-il déclaré à l’issue de son entretien avec M. Saïdani jeudi dernier. «L’Algérie a une place très particulière dans le cœur des Français», relève le Premier ministre français qui a ajouté qu’»au-delà du travail des gouvernements, nous voulons que ces relations puissent se diffuser, se développer à travers l’ensemble des élus» des deux pays. «C’est la meilleure façon de faire en sorte que cette relation reste forte, dynamique, vivante et exigeante», a-t-il souligné. M. De Villepin dira aussi, après son entrevue avec le président du parlement algérien, qu’il existe cette volonté, cette détermination d’avancer». «Il y a tant de sujets d’intérêt commun en matière économique, culturelle, sociale, de sécurité et dans le domaine de l’Education. Nous avons des préoccupations qui sont très proches et cette volonté de travailler ensemble». Le Premier ministre insistera aussi sur le fait qu’il faille «garder la volonté de développer les relations. Tout ce qui permettra de donner de nouvelles impulsions est important. Pour ma part, je suis convaincu, quelles que soient les échéances de part et d’autre, de cette continuité nécessaire et de ce développement», a-t-il réitéré. A la lumière de toutes ces déclarations, ajoutées au timing de cette visite, il ne serait pas du tout dérisoire de penser que quelque chose bouge entre les deux capitales pour dépasser les obstacles du passé et enfin s’ancrer dans une coopération stratégique entre les deux pays. Les rancoeurs seront-elles pour autant dépassées?