Algérie

Le Ramadhan à deux vitesses CONGELE ET COUFFIN POUR LES PAUVRES, FRAIS ET SUCRE POUR LES RICHES



Le Ramadhan à deux vitesses                                    CONGELE ET COUFFIN POUR LES PAUVRES, FRAIS ET SUCRE POUR LES RICHES
On s'offre le couffin qu'on peut...
Le mois sacré n'a pas uniquement pour conséquence de mettre à nu les tares de la gestion des pouvoirs publics, il met aussi en exergue une fracture sociale davantage ouverte qui confirme l'existence d'une société à deux vitesses.
Le couffin du Ramadhan aura deux visages. Il y a celui bien garni dans lequel ne manque aucun ingrédient ou produit de consommation pour faire ripaille au moment de la rupture du jeûne et celui des démunis où l'on peut trouver juste de quoi se sustenter. Pour tromper sa faim grâce à la générosité des pouvoirs publics.
L'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) propose de substituer ce dernier par un chèque d'un montant de 5000 DA. Autant dire une misère. Il permettra surtout de mesurer le niveau de charité des institutions de l'Etat.
Le kilo de viande est cédé autour des 1000 DA. Celui du poulet à plus de 350, sans parler surtout des légumes qui n'ont pas encore dit leur dernier mot. Quant au reste (fruits, sucreries...) il fera partie du luxe. A ce rythme il y aura tout juste de quoi tenir trois à quatre jours en se serrant la ceinture. Reste bien sûr les restaurants de la Rahma pour ceux qui ont le courage d'exhiber leur détresse.
C'est schématiquement la photographie qu'offre, depuis des années, la société algérienne pendant les trente jours du mois sacré du Ramadhan, minée pour sa majeure partie, par les prix (des viandes, des légumes frais...) qui atteignent des sommets, voire des records. A l'instar du kilogramme de citron qui avait franchi, avec insolence, la barre des 400 dinars en 2009 et qui se tient apparemment dans les starting-blocks.
Il affiche 180 DA malgré l'annonce de l'importation de 1000 tonnes pour l'empêcher de récidiver cette année. Cela ne devrait pas gêner outre mesure une certaine catégorie de personnes. Il y a en effet, ceux pour qui la flambée des prix des produits de consommation de base, des fruits et légumes et des viandes ne représente pas un problème. Ils pourront s'adonner à cette forme de gloutonnerie qui caractérise leur mode culinaire en ce mois de ferveur religieuse et en temps normal.
Leurs moyens financiers le leur permettent et ils se feront un malin plaisir de l'exposer pour rendre public leur statut social. Nombreux parmi eux font leur marché chez des commerçants attitrés qui affichent des prix hors de portée des salaires moyens. Un type de commerce pour parvenus.
Inconsciemment, ils font la part belle aux spéculateurs et n'ont aucun complexe à contribuer à l'épanouissement de la sphère de l'informel tandis que près d'un million et demi de ménages, soit environ 9 millions d'Algériens, ont bénéficié de la «générosité» des pouvoirs publics pour pouvoir affronter le mois de Ramadhan de l'année 2011. Ils seront au moins aussi nombreux en 2012.
Selon les chiffres officiels communiqués par le ministère de la Solidarité, près d'un million et demi de familles en 2011, ont eu recours au «couffin du Ramadhan» dont le prix global devrait s'élever à 5 milliards de dinars en 2012.
Une opération qui consiste à venir en aide aux plus démunis. Si l'on considère que chaque foyer est constitué en moyenne de six membres, on atteint aisément le chiffre de 9 millions d'Algériens qui se retrouvent en situation de précarité...
Soit un quart de la population globale. Le mois sacré n'a pas uniquement pour conséquence de mettre à nu les tares de la gestion des pouvoirs publics, il met aussi en exergue une fracture sociale davantage ouverte qui confirme l'existence d'une société à deux vitesses.



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