La salade à 35 dinars MARCHE DE GROS DE KHEMIS EL KHECHNA

Ce n'est pas un canular. Au marché de gros des fruits et légumes Ahmed-Djenati de Khemis El Khechna, la salade était affichée, hier, à 35 dinars le kg.
Ceux qui accusent les fellahs d'être à l'origine de la hausse des prix des fruits et légumes, survenue sur le marché, à la veille du mois de Ramadhan, doivent réviser leur jugement. Car tout indique que ce sont les détaillants et non les grossistes qui sont derrière cette spéculation. Les virées que nous avons effectuées ces trois derniers jours dans certains marchés de la capitale, ont été pour nous très instructives.
Grâce à elles, nous avons pu prendre la température du marché et constater de visu les écarts entre les prix affichés par les commerçants détaillants et ceux des grossistes. Excepté la pomme de terre, tous les autres légumes ont connu une inquiétante hausse et nul ne sait, vraiment, quand elle s'arrêtera. A tout seigneur, tout honneur. Aliment très prisé durant le mois de Ramadhan en raison, notamment, de ses propriétés nutritives, la courgette est passée de 35 dinars, à 70 dinars le kg. Autrement dit, son prix a littéralement doublé en l'espace de quelques jours. Même si on est encore loin des 140 dinars qu'elle affiche à pareille époque, on a réellement du mal à saisir les raisons de cette subite flambée, d'autant que les producteurs, c'est-à-dire les fellahs déclarent l'avoir écoulée, lundi, au prix de 35 dinars.
Ceux que nous avons pu rencontrer à l'occasion de notre déplacement au niveau du marché de gros des fruits et légumes de Khemis El Khechna, sont formels, en tout cas. Selon eux, le prix de la courgette ne devrait pas dépasser la barre des 42 dinars sur le marché.
Que dire, alors de la salade vendue, elle, trois fois son prix par certains commerçants. Au marché Ahmed-Djenati, elle ne coûte pourtant que 35 dinars! A croire que nous ne vivons pas sur la même planète. Pris d'assaut, dès quatre heures du matin, le marché de gros de la ville de Khemis El Khechna est fréquenté, en majorité, par les fellahs. qui se chargent, eux-mêmes, d'écouler leurs produits. La plupart habitent la localité et vivent essentiellement du produit de leurs terres. Disposant, soit d'un hangar, soit d'un carré où ils exposent fièrement leur marchandise, ces grossistes sont d'une gentillesse désarmante et ne ménagent aucun effort pour attirer et satisfaire les clients. Notre présence ne semble pas les avoir dérangés.. Tous se sont montrés disponibles et n'ont manifesté aucune animosité à notre égard. Même lorsque nous les avons assaillis de questions, ils sont parvenus à garder le sourire et leur calme.
Certains ont profité de notre présence pour dénoncer les spéculateurs qui s'enrichissent sur leur dos. Vendant des haricots verts et des poivrons, il s'est dit étonné de voir ces produits atteindre presque deux fois leur prix à leur sortie du marché. «J'ai du mal à comprendre ces commerçants qui m'achètent des haricots verts à 85 dinars le kg et qui les revendent, ensuite, à 150 dinars. Idem pour les poivrons que j'écoule à 60 dinars le kg, et que le même détaillant revend après à 100 dinars.» Il n'y a pas que ces deux produits, le piment vendu dans ce marché de gros à 75 dinars le kg est revendu ailleurs à 150 dinars, soit deux fois son prix. Tout comme la carotte revendu à 70 dinars, alors qu'elle a été achetée à 40 dinars et les oignons écoulés à 24 dinars, mais revendus sur le marché de détail à 40, voire 45 dinars. Des différences qui affolent et qui dénotent l'absence de contrôle et de suivi.
Selon un agent du marché Ahmed-Djenati, des agents de contrôle inspectent régulièrement les lieux. Si les prix des fruits et légumes ont accusé une hausse ces derniers jours, c'est à cause de certains commerçants qui ne jouent pas le jeu et cherchent uniquement à s'enrichir sur le dos du contribuable. «Ce qui nous manque, en vérité, c'est un peu plus de sécurité pour assurer un meilleur fonctionnement du marché qui couvre les besoins de plusieurs wilaya du pays», nous a-t-il confié en guise de conclusion.