Algérie

Le point


Mourir chez l’ennemi Le chantre de la lutte palestinienne est parti. Celui qui a chanté la souffrance des Palestiniens en 22 langues est mort aux Etats-Unis, suite à une opération sur le cœur au Texas, le pays de Bush. Devra-t-on y voir la main de la CIA, comme cela avait été fortement le cas de Arafat qui avait tenu tête aux puissances militaire, diplomatique et économique américaine, britannique et israélienne réunies et qui avait su, par sa seule aura, éviter à son peuple meurtri ce que n’a pas su lui apporter son successeur qui avait pourtant les faveurs de l’Occident mais qui n’a réussi qu’à reléguer aux oubliettes le combat plus que cinquantenaire d’une nation qui a eu, en plus de son ennemi, à lutter et à supporter la tutelle pesante et inefficace de ses 21 frères? Darwich n’est pas mort un rameau d’olivier à la main, pas plus qu’il n’avait une kalachnikov pour faire appliquer la 242 qui devait voir naître un pays auquel la communauté internationale refuse le titre de République, d’Emirat ou de royaume pour être en harmonie avec le reste des pays sinon arabes, du moins de la région. L’Autorité palestinienne est l’étiquette burlesque qui a été collée à un territoire qui n’en est pas un et à un peuple qui est idéologiquement, socialement, géographiquement et physiquement scindé et dont les moitiés -celle de Ghaza, de Cisjordanie et des camps de réfugiés- sont irrémédiablement et hermétiquement cloisonnées, au grand bonheur des Israéliens qui frappent quand ils le désirent, de la communauté internationale qui y trouve matière à laver sa bonne conscience et des Arabes qui y trouvent un motif pour se dédouaner en mettant en avant l’incapacité des Palestiniens à resserrer les rangs avant de songer à rejeter à la mer l’envahisseur. Si Darwich s’était éteint au Caire, à Alger ou dans un pays arabe, sa mort aurait-elle été le prolongement d’un combat entamé en 1970, par un exil volontaire? Mourir à Houston dessert-il cette image de militant ou au contraire sème-t-il le doute dans l’esprit des masses arabes promptes aussi bien à élever sur un piédestal qu’à briser un symbole? Le combat n’est pas la seule affaire des armes car les forces en présence sont inégales tout comme l’est l’équilibre de cette balance sensée mesurer les torts des uns et des autres par une justice aux yeux bandés par un voile truqué pour mieux rendre un verdict partial quand il s’agit d’Arabes. Darwich aurait pu mourir à Paris, Berlin ou au Caire. Sa mort aurait eu le même sens: mourir en exil, comme des dizaines de milliers de ses compatriotes morts dans des camps de réfugiés, éparpillés à travers le monde ou dans des geôles israéliennes. La seule différence aura été que Darwich ne soit pas parti dans l’anonymat. Car plus il y aura d’anonymes, moins les Israéliens auront à faire d’efforts pour éviter lors des «négociations de paix» l’épineux problèmes des réfugiés. Pour le reste, les pays frères se chargent de régler la question à Nahr El-Bared, à Rafeh, à Ghaza et partout où une famille palestinienne n’a pas fini de donner son martyr à la bonne cause pour que des dirigeants continuent de brader un territoire gagné par l’érosion de l’iniquité et du fait accompli face à une ONU incapable de réagir de la même manière quand deux êtres humains perdent la vie, car l’un a un pays –Israël- et l’autre une Autorité seulement. Hakim Djaziri


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