Algérie

le pays frappé d'immobilisme Deux mois après les élections législatives



le pays frappé d'immobilisme                                    Deux mois après les élections législatives
Le congé du gouvernement va encore se prolonger durant le Ramadhan et installera le pays dans une situation de paralysie certaine.
Inaction de l'Exécutif, paralysie institutionnelle et extinction de la vie politique. Le pays tout entier est au point mort. Le gouvernement de Bouteflika a disparu des écrans radar de la politique nationale depuis les élections législatives du 10 mai 2012. Après son apparition intempestive, à Sétif à la veille des législatives, le chef de l'Etat est vite retombé dans l'ornière du silence, alors que la conjecture nationale et internationale exige présence et actions. Censé donner au pays une nouvelle dynamique politique, le scrutin législatif, incroyablement comparé au jour du déclenchement de la guerre de Libération, a tout compte fait «conforté» l'Algérie dans son périlleux blocage multiforme.
La période post-électorale n'a pas pu impulser un souffle nouveau aux institutions de l'Etat, alors que la société gronde et que l'état politique, économique et social du pays exige de nécessaires révisions déchirantes en cette phase d'aisance financière, avant des lendemains incertains annonciateurs de périodes d'assèchement des caisses de l'Etat. Pourtant, rien n'est fait.
L'équipe de Bouteflika se satisfait d'une situation politique et économique faussement stable.
L'agitation politique autour des «réformes», permettant à l'Algérie d'entrer dans une ère nouvelle, a vite cédé la place à un statu quo dont les conséquences néfastes ne tarderont pas à se manifester. Le congé du gouvernement va encore se prolonger durant le Ramadhan et installera le pays dans une situation de paralysie certaine.
Le gouvernement, coordonné par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a réduit son activité au minimum. Les six ministres qui ont quitté le gouvernement en raison de leur élection à l'Assemblée nationale n'ont pas été remplacés à ce jour. Le changement du gouvernement, qui devait intervenir au lendemain des résultats des législatives, est renvoyé aux calendes grecques. Sans que personne ne s'émeuve. On baigne dans une passivité générale. Pourtant, l'échec est manifeste. Ainsi donc en Algérie, l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale ne donne pas forcément lieu à la formation d'un nouveau gouvernement. La victoire écrasante du FLN devait théoriquement lui donner les clés du palais Docteur Saâdane. Ce n'est sans doute pas que le chef contesté du FLN, Abdelaziz Belkhadem, n'en voulait pas.
Au sein du régime et avec ses facettes civiles et militaires, l'on sait bien que la composante de l'APN, issue du scrutin du 10 mai, a donné naissance à une fausse majorité parlementaire et à une factice représentation politique nationale. Le changement d'un gouvernement est indexé sur les arrangements à l'intérieur du régime. Le Parlement ne sert que de façade plurielle à un système autoritaire. Sinon, comment peut-on expliquer le «rugissement» d'un Ahmed Ouyahia affaibli par un échec électoral spectaculaire.
En faisant, au lendemain des législatives, des déclarations aussi inquiétantes que déroutantes, le patron de la maison RND ne cherchait qu'à marquer son territoire.
En déclarant froidement que le pays est mis sous le «contrôle de la mafia», Ouyahia en homme du système et de système fait-il dans le chantage ' D'aucuns ont analysé son propos comme un net refus d'assumer tout seul l'échec criant de l'Exécutif pour le quitter. Curieusement, sa sortie médiatique a comme mis fin aux spéculations sur ce changement.
«La succession bloque l'état»
Mais «un nouveau gouvernement n'apportera rien de plus que ce qu'apporte le gouvernement actuel ' même amputé de six membres titulaires ' au président, dès lors qu'il n'a pour mission que d'appliquer le programme du président», estime le politologue Rachid Grim, rappelant au passage que Bouteflika avait mis huit mois pour désigner son gouvernement, au début de son premier mandat. Même si «cela ne signifie pas que la situation est normale», rappelle Rachid Grim en soulevant l'épineuse problématique de la succession qui serait à l'origine du blocage qui frappe les institutions.
«Le fait que le président mette autant de temps à désigner un nouveau gouvernement signifie qu'il y a des problèmes qu'il n'a pas encore réglés. Le devenir de la coalition gouvernementale et son élargissement ou pas à d'autres partis ; choix d'un nouveau Premier ministre et de ministres d'Etat. Les négociations ne semblent pas encore avoir totalement abouti. Il y a aussi une autre difficulté ' et c'est peut-être la plus importante ' la préparation de sa succession à la présidence de la République. Quelle sera la nature de la nouvelle Constitution que préparera en priorité le nouveau gouvernement ' Comment règlera-t-elle le problème de succession et de protection des intérêts du clan ' Et quel rôle, réserve-t-il aux deux prétendants plus ou moins déclarés à sa succession à la tête de l'Etat : Belkhadem et Ouyahia '»
Autant de questions que soulève M. Grim et autour desquelles le régime laisse planer une totale brouille. Quoi qu'il en soit, cette situation pour le moins anormale montre si besoin que le gouvernement n'est pas l'émanation d'une élection que le régime a pourtant lui-même organisée et saluée, mais peut-être bien uniquement celle du jeu des forces en son sein.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)