LE MNLA PRÊT À ABANDONNER SON PROJET D'ETAT INDEPENDANT Une nouvelle étape dans le conflit malien

Le Mouvement national de libération de l'Azawad se dit prêt à abandonner son projet d'Etat indépendant dans le nord du Mali. La décision des indépendantistes touareg devrait ouvrir la voie à une nouvelle stratégie de lutte contre les groupes terroristes islamistes.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Les Touareg du Mali font marche arrière. La direction politique du Mouvement nationale de libération de l'Azawad a récemment annoncé son intention d'abandonner son objectif de créer un Etat indépendant au nord de ce pays du Sahel. «Nous aspirons à une indépendance culturelle, politique et économique mais pas à la sécession. Ce serait quelque chose comme le Québec», a déclaré, dimanche, à l'agence de presse Reuters, Ibrahim Ag Assaleh, un des responsables politiques du MNLA. Un changement de position que Hama Ag Mahmoud, représentant du mouvement en Mauritanie, a justifié ainsi : «L'indépendance est notre objectif depuis le début du conflit, mais nous prenons en compte le point de vue de la communauté internationale pour venir à bout de la crise.» En parlant de «crise», Hama Ag Mahmoud fait référence à la domination des groupes terroristes islamistes sur une grande partie du territoire Azawad. Cette décision, bien qu'elle n'ait pas encore été sanctionnée par une déclaration officielle du MNLA, pourrait être une nouvelle étape dans le conflit qui oppose, depuis plusieurs mois, différentes parties. Elle pourrait être le début de la «solution politique » prônée par l'Algérie, Etat voisin qui refuse d'intervenir militairement au Nord Mali. Mais la fin du conflit passe nécessairement par une victoire sur les organisations terroristes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), en l'occurrence. La question de la «classification» d'Ansar Dine reste toujours posée car bien qu'étant pour l'indépendance de l'Azawad, cette autre organisation est fortement marquée par l'idéologie islamiste djihadiste. Aujourd'hui, les chefs du Mouvement national de libération de l'Azawad font face à de multiples défis : ils doivent garder une cohésion au sein de leurs troupes, rassurer les populations touareg et accepter le principe d'une alliance avec l'armée malienne et libérer le nord du pays des terroristes. Si cette dernière option venait à se confirmer, ce serait un retour à l'accord d'Alger signé, en 1996, entre la rébellion targuie et le gouvernement de l'ex-président malien, Amadou Toumani Touré. Un retour dramatique à la case départ qui aurait pu être évité si ATT avait fait preuve de volonté politique en luttant contre Al-Qaïda au Maghreb islamique.