Algérie - A la une

"Le marché intérieur de la consommation risque d'accuser des déficits"



Liberté : Depuis plusieurs mois déjà, les statistiques du commerce extérieur de l'Algérie étaient marquées par une forte baisse des importations depuis la zone euro (France, Italie, Allemagne et Espagne). Elles étaient, en revanche, en hausse depuis la zone dollar (Chine, Turquie, Asie et Amérique latine). Comment expliquez-vous cette tendance 'Souhil Meddah : Il est utile de revenir sur cinq facteurs essentiels dans la définition de la tendance des importations. Le premier concerne la nature en termes de groupes de produits importés, sachant que certains de ces groupes, comme celui des énergies et des lubrifiants qui d'habitude provient de la zone euro, affichent une tendance baissière de plus de la moitié de la moyenne des valeurs antérieures. Le groupe des biens alimentaires provenant en majorité de la même zone a, lui aussi, marqué une tendance moins importante, mais réelle en même temps. D'autre part, pour le groupe des équipements agricoles, les sources sont généralement diversifiées entre les deux zones euro et dollar, annonçant un solde global négatif pour les deux monnaies. De ce fait, l'incidence baissière globale avait beaucoup plus tendance à impacter les sources de la zone euro que la zone dollar, par voie de contrecoup subi en premier lieu sur les spécialités. Le deuxième facteur concerne la moyenne des prix des produits à l'international qui sont en partie attachés par un effet respectif au facteur des groupes de produits par spécialités. Le troisième facteur concerne l'effet monétaire global sur la balance commerciale, à partir de l'évolution des cours de change entre l'euro et le dollar, adossé à des flux quantitatifs répartis entre les zones employant respectivement et séparément les deux monnaies par rapport à nos réserves qui sont libellées en dollar. Le quatrième facteur est lié à l'effet indirect de l'incorporation du DAPS dans les coûts d'importation par rapport à une demande domestique globale. Le cinquième facteur s'appuie sur une tendance limitée, mais moins significative sur les demandes attachées à une dépense publique durant cette période. Il peut s'agir, entre autres, d'un ralentissement économique probablement annoncé dans quelques domaines, du fait que certains groupes les plus touchés, comme celui des équipements agricoles et ceux des produits non alimentaires et d'équipements industriels, sont exclusivement adossés à des secteurs industriels naissants.

S'il y avait vraiment une velléité d'équilibrer la balance, étant donné qu'on vend nos hydrocarbures en dollar alors qu'on achetait en euro du temps où l'UE accaparait 55% des échanges avec l'Algérie, pourquoi cette tentative peine à porter ses fruits, tant il est vrai que les importations, en valeur, demeurent à des niveaux très élevés '
Il s'agit probablement d'un effet qui est lié à certains leviers internes qui, indirectement, sont en train d'affecter la tendance globale des importations sur un marché international qui reste constant. Parmi ces facteurs, on peut citer l'autosuffisance annoncée dans la production et la distribution des produits lubrifiants, ou aussi des consommations intérieures qui varieront selon l'évolution des coûts en hausse ou en baisse. Il s'agit aussi des produits qui subiront les surcoûts des droits et taxes supplémentaires, mais entre autres sur le fait que certains produits sont échangés en partie par la voie légale de paiement en plus d'un additif en devise étrangère qui provient du marché parallèle de la devise. Donc, dans ce cas de figure, il est d'une part un peu prématuré de se fixer sur un bilan final, car c'est l'évolution des choses qui nous donnera plus de précision sur le véritable penchant des choses. Et, d'autre part, actuellement les instruments de financement se rétrécissent, et la tendance future n'est pas encore clarifiée, sachant que le marché intérieur de la consommation risque d'accuser des déficits en matière des biens et services nécessaires pour les besoins des différents agents économiques.
N'y a-t-il pas en toile de fond une volonté de quêter une couverture politique au régime actuel auprès des pays de la zone dollar, dont la Chine, la Turquie et l'Arabie saoudite, dont la facture d'importation de l'Algérie auprès de ces pays évoluait en nette hausse ces derniers mois '
Le constat actuel concerne les cinq premiers mois, dont la période qui n'a pas été touchée par les événements politiques actuels. Mais le fait de recadrer une nouvelle tendance sur les relations internationales nécessite plus de temps et, de ce fait, l'explication de cette variation se limite à deux chapitres, celui de l'effet encaissé à partir des mécanismes financiers imposés par les lois de finances, ou celui de l'effet encaissé à partir du comportement de tous les agents économiques.
Les importations de l'Algérie depuis la Chine ont augmenté de 23,23% à l'issue des cinq premiers mois de l'année ; une hausse constante depuis maintenant plusieurs années. Pourquoi les différents dispositifs de régulation des importations n'ont-ils pas affecté jusqu'ici les importations algériennes depuis la Chine '
Il faut que les dispositifs impactent d'abord les groupes de produits qui proviennent de cette région, sachant que la Chine n'impacte pas uniquement le marché algérien, mais aussi tout le reste du monde.
En analysant les faits et les effets, il est utile de se baser impérativement sur le seul élément déclencheur qui est celui des groupes des produits importés et non pas celui des pays d'importation.

Propos recueillis par : A. Titouche
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